Le syndicat des étudiants noirs de l’université de Floride a exhorté les manifestants antiracistes à faire preuve de bon sens. / SHANNON STAPLETON / REUTERS

La ville universitaire de Gainesville, en Floride, était placée sous haute sécurité, jeudi 19 octobre, pour la venue de Richard Spencer, l’une des figures de la droite suprémaciste blanche aux Etats-Unis.

Deux mois après les violences de Charlottesville au cours desquelles un sympathisant néonazi a foncé dans la foule avec son véhicule, tuant une contre-manifestante, le gouverneur de Floride, Rick Scott, avait déclaré lundi l’Etat d’urgence dans le comté d’Alachua, où se trouve la ville de 130 000 habitants.

Chahut pendant l’intervention

Richard Spencer, suprémaciste blanc de 39 ans et président du groupe de réflexion National Policy Institute (NPI), a été accueilli sur la scène du Curtis M. Phillips Center for the Performing Arts par un auditoire très hostile et quasiment entièrement composé de manifestants, qui a lancé en chœur un « Va te faire foutre, Spencer ! » avant d’entonner chants et slogans. Le NPI est considéré par le Southern Poverty Law Center (SPLC) – une ONG qui surveille les groupes extrémistes aux Etats-Unis – comme un groupe appelant à la haine.

Après avoir persévéré quelques instants, M. Spencer a quitté la scène avant de revenir une poignée de minutes plus tard pour tenter de prononcer son discours. « Vous essayez d’arrêter un mouvement qui grossit et qui va résister », a-t-il lancé, au milieu des huées des manifestants antiracistes, largement en surnombre par rapport à la trentaine de supporteurs de l’orateur.

Cours annulés, objets interdits

Les alentours de l’université de Floride (UF) ainsi que ses voies d’accès ont été fermées à la circulation et les cours qui devaient se dérouler à proximité du Curtis M. Phillips Center for the Performing Arts, où se tenait la conférence, ont été annulés. Une longue liste d’objets interdits a été dressée par la police pour les personnes dans et autour du centre : armes, masques et sacs en tous genres mais aussi boucliers, parapluies, bouteilles d’eau, etc.

Pour protester contre cette visite, des affiches prônant « l’amour, pas la haine » ont été installées sur plusieurs édifices universitaires tandis que des messages plaidant pour la diversité ont été écrits à la craie sur des trottoirs.

Eviter un affrontement comme celui de Charlottesville

Les chefs de file des étudiants ont soutenu sur les réseaux sociaux l’établissement d’une « assemblée virtuelle » grâce au mot-clé #TogetherUF, pour éviter qu’une manifestation antiraciste ne se forme face au public venu écouter le discours de Richard Spencer.

Tyler Tenbrink, un partisan de Richard Spencer venu du Texas, est fouillé par la police. / SHANNON STAPLETON / REUTERS

Les responsables de l’université disent n’avoir accepté qu’avec réticence la venue du responsable de l’alt-right sur le campus, mettant en avant la liberté d’expression. L’université a précisé que le NPI devra payer 10 500 dollars pour la location de la salle ainsi que les frais pour la sécurité à l’intérieur du bâtiment. En revanche, le coût de la sécurisation du campus et d’une partie de Gainesville incombera à l’UF, qui l’estime à 500 000 dollars au moins.

Les alentours de l’université de Floride ainsi que ses voies d’accès ont été fermées à la circulation et les cours qui devaient se dérouler à proximité du Curtis M. Phillips Center for the Performing Arts, où doit se tenir la conférence, ont été annulés. / SHANNON STAPLETON / REUTERS

Le syndicat des étudiants noirs de l’université de Floride a exhorté les manifestants antiracistes à faire preuve de bon sens « dans toutes les actions qu’ils vont entreprendre » pour ne pas céder aux provocations.