Alors que Madrid devrait décider, samedi, des modalités de la prise de contrôle des institutions catalanes, les indépendantistes tentent de riposter symboliquement. Des sympathisants de la cause catalane ont ainsi effectué, vendredi 20 octobre, des retraits d’argent, importants ou symboliques, pour protester contre le gouvernement espagnol et les banques qui ont déplacé leur siège social hors de la région.

Ces habitants ont répondu à l’appel lancé par les associations indépendantistes Assemblée nationale catalane (ANC) et Omnium Culturalo, qui avaient, plus tôt, invité les militants sur les réseaux sociaux à plusieurs « actions directes pacifiques », pour montrer leur mécontentement envers le gouvernement de Mariano Rajoy, notamment en retirant de l’argent, « de préférence entre 8 heures et 9 heures » dans les cinq banques principales.

Peu avant 8 heures, cinq ou six personnes attendaient donc patiemment devant un distributeur automatique de la Caixa Bank, située dans une grande avenue de Barcelone. La Vanguardia sous le bras, Marta Argilaga, une secrétaire d’une quarantaine d’années, est venue retirer 200 euros, « plus que d’habitude ».

« C’est un acte symbolique, ça sera enregistré, on pourra vérifier combien de personnes ont retiré de l’argent entre 8 heures et 9 heures. Comme ça, ils verront, vu qu’il y a des doutes sur la participation. Ils verront combien de personnes le font… »

A 8 h 10, un premier distributeur de cette agence était « temporairement hors service ». Joaquim Curbet, un éditeur de 58 ans, a, lui aussi, retiré au guichet de sa banque 155 euros, qu’il brandit fièrement, « une somme symbolique, pour protester et mettre la pression au gouvernement espagnol ».

« Montrer leur désaccord »

« C’est une manière de protester. Nous ne voulons aucun mal à l’économie espagnole ou catalane », a pour sa part précisé Roser Cobos, une avocate de 42 ans qui venait de retirer au guichet 1 714 euros, en référence à la date de la prise de Barcelone par les troupes du roi Felipe V, qui réduisit ensuite les droits des régions qui avaient pris parti contre lui dans la guerre de succession. Depuis, les indépendantistes en ont fait la date de la perte de leur autonomie.

« C’est la seule manière que les Catalans ont de montrer leur désaccord avec l’attitude de l’Etat espagnol. »

La perspective d’une sécession a fait fuir, ces derniers jours, des centaines de sociétés, à commencer par les deux grandes banques catalanes, CaixaBank, la troisième banque espagnole, et Banco de Sabadell, qui ont déplacé leur siège social hors de la Catalogne, qui représente 19 % du PIB national.

Sur le terrain politique, l’étau se resserre sur le président de la Catalogne, Carles Puigdemont. Il avait, en effet, jusqu’à 10 heures, jeudi, pour répondre à la mise en demeure du gouvernement espagnol qui lui demande de clarifier s’il a ou non déclaré unilatéralement l’indépendance et, le cas échéant, de la révoquer, sous peine d’activer l’article 155 de la Constitution.

« Si le gouvernement persiste à empêcher le dialogue et poursuivre la répression, le Parlement de Catalogne pourra procéder (…) au vote d’une déclaration formelle d’indépendance », s’est-il contenté de répondre, dans une lettre adressée au chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy.

Après avoir « constaté le refus du président de la Généralité de Catalogne de répondre à la mise en demeure », le gouvernement espagnol « continuera la procédure prévue dans l’article 155 de la Constitution pour rétablir la légalité dans l’autonomie de la Catalogne », a ainsi fait savoir la Moncloa, le siège de l’exécutif.