Le bilan est encore incertain mais un massacre de grande ampleur, un de plus, a été commis dans le sud-est de la République centrafricaine (RCA). Cette région subit depuis six mois une hécatombe meurtrière où les civils sont ciblés sur des bases communautaires.

Mercredi 18 octobre, « vers 5 heures, les anti-balaka [miliciens chrétiens], menés par des soldats et mélangés à des mercenaires ougandais, sud-soudanais et congolais, ont attaqué Pombolo car c’est une ville majoritairement peule », affirme le général Bello de l’UPC, une milice principalement composée de Peuls musulmans. « Ils ont tué plus de 140 personnes et fait une soixantaine de blessés avant que nous les repoussions », dit l’officier, joint au téléphone. Selon un document interne des Nations unies, des casques bleus dépêchés sur les lieux avaient, jeudi, « découvert jusque-là les corps de 26 civils, de 2 miliciens de l’UPC et 56 blessés. »

« Manque de fonds » de la communauté internationale

Le 10 octobre, à Kembé, à une dizaine de kilomètres, plus de 20 musulmans furent écharpés dans le même type d’assaut. Les deux localités sont installées le long d’un axe stratégique qui relie le pays d’Est en Ouest mais que les 12 000 soldats et policiers de la force de l’ONU, la Minusca, sont incapables de sécuriser. « Nous n’avons les moyens que de protéger nos convois », concède un responsable onusien.

La veille de l’attaque sur Pombolo, le président Faustin-Archange Touadéra s’était rendu à Bangassou, où 2 000 musulmans vivent assiégés dans l’enceinte de l’église. Critiqué pour sa passivité, il y a rencontré des chefs anti-balaka. Le général Nourredine Adam, chef du FPRC, une autre faction de l’ex-Séléka (rébellion d’obédience musulmane), fulmine : « Touadéra est allé en Russie pour récupérer des armes. Pour contourner l’embargo, elles sont passées par l’Ouganda. Son objectif est de nous chasser avec tous les musulmans de RCA. »

Le FPRC et l’UPC ont trouvé récemment un terrain d’entente, après des affrontements sanglants. Selon l’ONU, dans les régions de Bria (Est) et de Bakala (Centre), l’UPC a tué 111 civils et le FPRC 22, entre novembre 2016 et février 2017. La Minusca dit avoir des « allégations crédibles » concernant « 293 autres civils » tués par ces deux groupes.

A la veille de son voyage en RCA, du 24 au 27 octobre, le patron de l’ONU, Antonio Guterres, a estimé qu’« il faut tout faire pour que les groupes armés puissent rendre leurs armes », tout en regrettant le « manque de fonds » de la communauté internationale. La Minusca espère 900 soldats supplémentaires. Trop peu pour arrêter le nettoyage ethnique en cours.