L’islamologue et théologien suisse Tariq Ramadan, lors d’une conférence le 26 mars 2016, à Bordeaux. / MEHDI FEDOUACH / AFP

Tariq Ramadan, accusé de viol et d’agressions sexuelles par une militante féministe et laïque, portera plainte pour dénonciation calomnieuse « dès lundi » auprès du procureur de la République de Rouen, a annoncé samedi 21 octobre son avocat. L’islamologue et théologien suisse « oppose un démenti formel à ces allégations », a indiqué Me Yassine Bouzrou dans un communiqué.

Henda Ayari, ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque, a déposé vendredi une plainte contre l’islamologue auprès du parquet de Rouen, dont relève le domicile de la plaignante. La plainte porte sur « des faits criminels de viol, agressions sexuelles, violences volontaires, harcèlement, intimidation », selon le document consulté par l’AFP.

Henda Ayari, 40 ans, présidente de l’association Libératrices, a déclaré vendredi sur sa page Facebook avoir été « victime de quelque chose de très grave il y a plusieurs années » mais n’avoir pas alors voulu révéler le nom de son agresseur en raison de « menaces de sa part ».

Libération de la parole

Dans son livre « J’ai choisi d’être libre », paru en novembre 2016 chez Flammarion, elle a décrit cet homme sous le nom de Zoubeyr, narrant un rendez-vous dans sa chambre d’hôtel à Paris où cet intellectuel musulman venait de donner une conférence.

« Par pudeur, je ne donnerai pas ici de détails précis sur les actes qu’il m’a fait subir. Il suffit de savoir qu’il a très largement profité de ma faiblesse », écrit Henda Ayari, assurant que quand elle s’est « rebellée », qu’elle lui a « crié d’arrêter », il l’a « insultée », « giflée » et « violentée ». « Je le confirme aujourd’hui, le fameux Zoubeyr, c’est bien Tariq Ramadan » , écrit Henda Ayari sur Facebook.

Selon Jonas Haddad, l’un de ses conseils, « Avec la libération de la parole à laquelle on assiste depuis quelques jours, Henda Ayari a décidé de dire ce qu’elle a subi et d’en tirer les conséquences judiciaires ».

Tariq Ramadan, petit-fils du fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans, âgé de 55 ans, est professeur d’études islamiques contemporaines à l’université d’Oxford (Grande-Bretagne). Relativement populaire auprès d’une partie des fidèles musulmans, il est aussi très contesté, notamment dans les milieux laïques, qui voient en lui le tenant d’un islam politique.