Une affiche mentionnant le référendum du dimanche 22 octobre à Milan, la capitale de la Lombardie. / Luca Bruno / AP

Trois semaines après les Catalans, les Italiens de Lombardie et Vénétie sont appelés aux urnes, dimanche 22 octobre, dans le cadre d’un référendum sur l’autonomie de leurs régions. Retour en quelques questions sur ce scrutin, qui intervient trois semaines après le vote d’autodétermination de la Catalogne.

  • Qui organise le référendum ? Pourquoi ?

Ce scrutin, consultatif, est organisé à l’initiative des présidents de Lombardie, Roberto Maroni, et Vénétie, Luca Zaia. Tous les deux sont membres de la Ligue du Nord, un parti d’extrême droite. Les habitants doivent dire « oui » ou « non » à « des formes supplémentaires et conditions particulières d’autonomie » pour leurs deux régions. Contrairement à la Catalogne, ce vote s’inscrit dans le cadre de la Constitution, qui prévoit la possibilité pour le Parlement d’attribuer ces formes d’autonomie à des régions qui en font la demande.

  • Que veulent concrètement les deux régions ?

En cas de victoire du oui, MM. Maroni et Zaia entendent réclamer à Rome davantage de compétences dans les infrastructures, la santé ou encore l’éducation. Ils souhaitent aussi des pouvoirs réservés à l’Etat, en matière de sécurité et d’immigration, thèmes chers à la Ligue du Nord, mais qui nécessiteraient une modification de la Constitution.

Un autre de leur objectif est d’obtenir davantage de ressources, en récupérant environ la moitié du solde fiscal actuel – différence entre ce que les habitants versent comme taxes et impôts et reçoivent comme dépenses publiques. Celui-ci s’élève à 54 milliards d’euros pour la Lombardie et 15,5 milliards pour la Vénétie.

  • Qu’est-ce qui a motivé ce scrutin ?

La Vénétie – 5 millions d’habitants – et la Lombardie – 10 millions d’habitants – figurent parmi les régions les plus riches d’Italie. Elles contribuent à elles seules à 30 % du PIB du pays. Leur endettement par habitant est faible : 73 euros pour la Lombardie, 219 euros pour la Vénétie, contre 407 pour la moyenne nationale. Même chose concernant le « coût pour l’Etat » de chaque habitant : 2 447 euros en Lombardie, 2 853 en Vénétie, contre 3 658 en moyenne. Pour MM. Maroni et Zaia, leurs régions « vertueuses » doivent donc être récompensées.

  • Que disent les sondages ?

« Ceux qui feront la démarche d’aller voter le feront vraisemblablement pour voter oui, d’autant que la question posée est relativement consensuelle », note Nicola Lupo, professeur de droit constitutionnel à l’université Luiss de Rome interrogé par l’Agence France Presse (AFP).

La participation reste la vraie question. En Vénétie, elle doit dépasser les 50 % pour que le scrutin soit valide. Et même en Lombardie, où il n’y a pas de quorum, « si la participation est inférieure à 40 %, la question va probablement être reléguée au rang de petit hoquet dans les livres d’Histoire », selon Lorenzo Codogno, expert chez LC Macro Advisors.

  • Qu’en pensent les différents partis ?

Défendu par la Ligue du Nord, le scrutin est soutenu par Forza Italia de Silvio Berlusconi (centre-droit), le Mouvement Cinq étoiles (populiste) et plusieurs syndicats et organisations patronales.

Des formations de gauche, comme le Parti communiste, ont appelé à s’abstenir, dénonçant un « gaspillage d’argent public » pour « un référendum farce ». Le Parti démocrate (centre-gauche, au pouvoir) n’a pas donné de consigne à ses électeurs mais plusieurs de ses ténors, comme le maire de Milan, ont déclaré qu’ils voteraient oui.

  • Ce vote est-il un premier pas vers une sécession ?

M. Maroni n’a cessé de répéter que le référendum se déroulait « dans le cadre de l’unité nationale » et qu’il visait à « réformer les rapports entre le gouvernement central et les gouvernements régionaux », avec le rêve d’une « Europe des régions ».

La Ligue du Nord a en effet oublié les velléités indépendantistes de ses jeunes années (1996-2000), dans un virage anti-euro et anti-immigration sur le modèle du Front national français.

Pour M. Zaia, tout parallèle avec la Catalogne est une tentative « fourbe » de décourager le vote en faveur du oui. « Les similarités avec la Catalogne sont minimes, le sentiment indépendantiste n’est pas très diffusé », dans ces deux régions, souligne de son côté M. Lupo.

  • Dans quel contexte s’inscrit ce vote ?

D’après Nicola Lupo, ce référendum se déroule dans un contexte de « fracture traditionnelle Nord/Sud avec aussi l’idée » que Rome est « un lieu de pouvoir corrompu et centralisateur ». La Lombardie et la Vénétie « sont aussi attenantes à des régions à statut spécial, qui bénéficient déjà d’une autonomie financière plus forte, comme le Trentin-Haut-Adige », ajoute le professeur.