Vue générale de l’immense salle du congrès du Parti communiste chinois, le 8 novembre 2012. / WANG ZHAO / AFP

Le congrès quinquennal du Parti communiste chinois (PCC) commence mercredi 18 octobre. Il s’agit d’une réunion décisive au cours de laquelle le président Xi Jinping devrait sans encombre décrocher un nouveau mandat à la tête du parti, donc du pays, et où sera désignée l’équipe dirigeante de la Chine.

  • Qu’est-ce qu’un congrès du PCC ?

Le Congrès du Parti communiste chinois est un événement qui a lieu désormais tous les cinq ans au Palais du peuple de Pékin. Celui qui débute mercredi est le dix-neuvième ; 2 287 délégués ont été sélectionnés pour y assister, ils sont élus par des structures provinciales et municipales et représentent les 89 millions de membres du PCC. Parmi les participants figurent des hauts fonctionnaires du gouvernement, des dirigeants du parti, des officiers de l’armée, ainsi que des membres du parti comme des employés, des agriculteurs, des techniciens, des infirmières et des enseignants.

  • Quel est son rôle dans l’organisation des pouvoirs ?

Théoriquement, le Congrès est la plus haute autorité du parti-Etat qui gouverne la Chine. Il est en effet l’organe dirigeant central du PCC, ainsi que le Comité central qui en est issu. Ce dernier est responsable devant le congrès national du parti.

Les fonctions du congrès national sont multiples, comme vérifier les rapports du Comité central, discuter et décider des problèmes importants du parti ou encore élire le Comité central. Mais « dans les faits, ce sont les dirigeants qui impulsent la ligne au sein du bureau politique constitué de vingt-cinq membres, remarque le sinologue Jean-Luc Domenach, directeur de recherche émérite au CERI, à Sciences Po. Les congrès sont le plus souvent des chambres d’enregistrement. »

Les luttes internes pour le pouvoir précèdent souvent l’ouverture du congrès et la plupart des grandes décisions sont prises lors de sa préparation, observe Shi Xintian, un universitaire catholique installé à Hongkong. Si bien que les délégués élus sont mis devant le fait accompli.

  • Quels sont les congrès qui ont marqué l’histoire ?

Les six premiers congrès, entre 1921 et 1928, se sont déroulés dans un pays en pleine guerre civile, rappelle M. Domenach. C’est lors de la première réunion qu’a été créé le PCC.

En 1945, lors du VIIe congrès, Mao Zedong s’est imposé comme président du parti. En 1958 il lance le « Grand bond en avant » qui provoquera une immense famine : Mao Zedong avait, en l’occurrence, convoqué une seconde session du congrès de 1956 pour revenir sur tout ce qui y avait été décidé et, notamment, mettre en cause le plan quinquennal d’inspiration soviétique.

En 1969 et 1973, Mao Zedong ira jusqu’à procéder à des purges pendant les congrès eux-mêmes. Celui de 1969 a notamment préparé l’élimination du haut dirigeant Lin Piao.

Après la mort de Mao, en 1976, tous ses partisans seront éliminés, notamment par Deng Xiaoping, dont le XIe congrès de 1977 marque le grand retour. Le XIIe congrès marquera le début des réformes et un changement de cap économique est annoncé.

En 1992, le XIIIe congrès entérine le massacre de la place Tiananmen. Et Deng Xiaoping désigne ses successeurs pour les années à venir, Jiang Zemin, puis Hu Jintao.

En 1997, lors du XVe congrès, non seulement Jiang Zemin entérine les réformes d’ouverture sur le monde, lancées par Deng Xiaoping, mais la décision est également prise d’entrer à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Enfin, c’est en 2002 qu’un « calendrier du pouvoir » est fixé : chaque président fera dorénavant deux congrès, et le rythme d’un congrès tous les cinq ans sera enfin respecté.

Le précédent congrès, le XVIIIe, a été marqué par la nomination des deux dirigeants prévus aux premiers postes (par des « fils de princes », c’est-à-dire les descendant des hauts dirigeants du PCC).

  • Quels sont les enjeux de ce congrès ?

A 64 ans, Xi Jinping doit être adoubé à la tête du PCC pour un deuxième mandat de cinq ans. Y sera également « élu » le Comité central du PCC, qui désigne un bureau politique (25 membres) et son comité permanent (7 membres actuellement), l’organe suprême de commandement du parti. « Globalement c’est déjà joué, et on a l’impression que M. Xi Jinping a dans sa tête la composition du prochain bureau politique », note M. Domenach.

S’il est acquis que Xi Jinping sera reconduit, et que Li Keqiang sera maintenu au moins au comité permanent, une grande quantité de sièges sont à pourvoir en raison de départs à la retraite ou de purges. L’enjeu est de savoir combien de fidèles Xi Jinping arrivera à placer dans les organes dirigeants, car la gouvernance du parti est le produit d’une coalition de factions.