Emmanuel Macron devrait présenter sa « vision » du Grand Paris lors d’une conférence territoriale consacrée à ce chantier au plus tard en décembre. Le chef de l’Etat, qui souhaite « simplifier drastiquement les structures », compte impulser une réforme institutionnelle – à laquelle les élus locaux sont réticents – en s’appuyant sur les parlementaires et les adhérents de La République en marche (LRM).

Une quarantaine de députés LRM franciliens se sont donné rendez-vous, jeudi 19 octobre, à l’Assemblée nationale pour débattre du « grand bazar administratif » du Grand Paris, selon Céline Calvez, députée (LRM) des Hauts-de-Seine. Pour simplifier ce « millefeuille » qui compte cinq strates territoriales, M. Macron n’a jamais prôné, jusqu’ici, un élargissement du périmètre de la métropole à l’échelle de la région, au grand dam de Valérie Pécresse, présidente (Les Républicains) du conseil régional d’Ile-de-France et des patrons des cinq départements de droite. Sa position est soutenue par les députés LRM franciliens.

« Il y a un consensus parmi nous pour que le périmètre actuel de la métropole soit respecté » à l’échelle de Paris, du Val-de-Marne, des Hauts-de-Seine et de la Seine-Saint-Denis, assure Guillaume Gouffier-Cha, député (LRM) du Val-de-Marne et coanimateur du groupe de travail. « Je n’ai entendu aucun député LRM de la grande couronne plaider pour une région métropole », poursuit-il.

Régler la crise du logement

Certains s’interrogent toutefois : « La population est appelée à croître plus fortement en grande qu’en petite couronne. On pourrait imaginer dans un scénario à long terme que le périmètre de la métropole soit celui la région », avance Mme Calvez. Mais l’hypothèse est écartée par Pacôme Rupin député (LRM) de Paris et coanimateur du groupe. « Soit on garde la région et on supprime la métropole, soit on la conserve et dans ce cas elle englobe la seule agglomération où les gens ont le sentiment d’appartenir quasiment à une même ville », argumente M. Rupin.

Les députés LRM plaident pour une métropole plus « puissante ». Selon eux, elle est l’échelon pertinent pour lutter contre la pollution ou développer les transports. La décision de fermer à la circulation les voies des berges rive droite de la Seine « ne devrait pas relever de la seule mairie de Paris, estime M. Gouffier-Cha. De même qu’on ne peut plus avoir un plan vélo pour la capitale différent de celui des communes limitrophes ou une politique de stationnement qui ne soit pas la même d’un côté du périphérique et de l’autre. Au sein de la métropole, la question du pouvoir des maires sur la voirie doit être posée ».

La métropole est aussi le bon niveau pour régler la crise du logement, plaident MM. Rupin et Gouffier-Cha. Tant que les décisions resteront principalement du ressort des communes, « on aura une mauvaise répartition des bureaux, des logements, des richesses » dans l’agglomération parisienne, assure M. Rupin. S’agissant de la suppression des trois départements limitrophes de la capitale envisagée par M. Macron avant son élection, le député de Paris estime que « c’est évidemment l’échelon le plus évident à supprimer au sein de la métropole ».

Outre les députés LRM à la manœuvre qui s’apprêtent à relayer la réforme, un groupe de quarante-cinq « marcheurs » s’est réuni, pour la première fois, mercredi 18 octobre, pour travailler sur le sujet dans un café du 15e arrondissement de Paris. Parmi eux, des architectes, des consultants auprès des collectivités locales, des spécialistes des transports, du logement et de l’environnement, et de simples militants venus d’Ile-de-France.

« Consultation citoyenne »

L’implication des « marcheurs » vise à faire adhérer des citoyens au chantier métropolitain de M. Macron. « D’ici à janvier, nous allons dresser un état des lieux du Grand Paris et dégager des orientations. Puis nous lancerons une consultation citoyenne sur les transports, l’environnement, les institutions, le développement économique, l’urbanisme et logement », explique Maggie Cazal, urbaniste, coanimatrice du groupe qui fédère plus d’une centaine d’adhérents LRM dans la région.

Aborder les politiques publiques « à l’échelle du Grand Paris plutôt qu’au niveau des communes permet de sortir par le haut des conflits de territoire entre élus et de dépasser les clivages partisans », se félicite Philippe Zaouati, responsable du mouvement LRM à Paris.

Pour le chef de l’Etat, réussir à fédérer les troupes LRM franciliennes autour de sa réforme du Grand Paris est stratégique : avec 100 000 adhérents, dont plus de la moitié à Paris, l’Ile-de-France est le premier gisement macroniste de France.