Documentaire sur Arte à 23 h 25

« Dans la famille croque-mort », le choix du cercueil. / Arte

C’est une histoire de retrouvailles. Après avoir perdu des proches, Valérie Denesle et Anne Peyrègne, alors âgées d’une vingtaine d’années, ont eu envie de s’intéresser au milieu des pompes funèbres. L’entreprise familiale des trois frères Girard, à Semur-en-Auxois (Côte-d’Or), leur a ouvert ses portes. Nous sommes en 1995. Et, dans leur premier documentaire, intitulé Les Passeurs« car les croque-morts servent de tran­sition de la vie à la mort », ex­pliquent les deux réalisatrices –, on voit Bernard, un des frères ­Girard, accompagné de ses trois enfants : Solène, Loïc et Olivier. A l’époque, ces derniers se montrent réfractaires à l’idée de reprendre l’affaire.

Condoléances numériques

Pourtant, vingt ans plus tard, ce sont bien eux qui ont succédé à leur père. En 2014, ils ont adressé un courriel aux deux documentaristes, les invitant à l’inauguration du crématorium écologique de Semur-en-Auxois. Et c’est ainsi que Valérie Denesle et Anne Peyrègne se sont retrouvées de nouveau dans la maison des Girard. Celle où tout se mêle : vie de famille et vie professionnelle. Sauf que, depuis, bien des choses ont changé. Fini les pompes funèbres de papa. Désormais, crématoriums écologiques, cercueils en carton et condoléances numériques ont débarqué sur le marché de la mort. Solène est devenue responsable des pompes funèbres, Loïc est chargé du créma­torium, tandis qu’Olivier est le comptable des deux sites. Ils s’inscrivent dans la continuité familiale, faite de proximité avec une clientèle exclusivement locale, et de débrouillardise. Censé être à la retraite, Bernard est omni­présent et continue de dispenser ses conseils. Mais il est confronté à l’évolution de son métier, qu’il ne voit pas venir.

Agat Films & Cie

Comme lorsqu’il s’agit de changer le slogan qui apparaît sur les voitures de l’entreprise, ou quand il fait appel à ses enfants pour retrouver sur Internet une musique qu’on lui a donnée en cassette. Entre chronique du quotidien et observation des rites ­funéraires, ce documentaire raconte la transmission d’une vocation et l’évolution de notre rapport à la mort.

On se rend par exemple compte que, après cinquante ans de métier, Bernard a désormais peur de mourir. Un excellent portrait familial, auquel se mêle celui des réalisatrices, qui, pour les Girard, font maintenant partie de la famille et de l’entreprise.

Dans la famille croque-mort, de Valérie Denesle et Anne Peyrègne (Fr., 2015, 58 min).