Le réalisateur franco-polonais Roman Polanski lors du festival de Cannes en mai 2017. / Alastair Grant / AP

L’affaire Weinstein ne va pas arranger les affaires de ­Roman Polanski. Le réalisateur franco-polonais, qui a fui Hollywood en 1978 pour échapper à une condamnation pour agression sexuelle, est à nouveau mis en cause à la faveur de ce grand mouvement de révélations collectif. Si Samantha Geimer, que le réalisateur de Rosemary’s Baby est accusé d’avoir droguée et violée à Los Angeles en 1977 alors qu’elle n’avait que 13 ans, déclare depuis quelques années qu’elle a pardonné et veut clore l’affaire, quatre autres actrices ont, depuis, entamé des poursuites pour des faits similaires remontant à cette époque.

La dernière en date, Marianne Barnard, vient de porter plainte auprès de la justice californienne. En 1975, à l’âge de 10 ans, elle aurait rencontré le cinéaste dans le cadre d’une séance photo ­organisée par sa mère sur une plage près de Malibu. Après l’avoir fait se déshabiller pour le shooting, elle accuse Roman Polanski de l’avoir agressée. Ce que celui-ci dément.

Le réalisateur, Palme d’or à Cannes en 2002, est désigné par ceux qui l’attaquent comme le symbole de l’artiste impuni dont l’art voudrait le placer par-delà la morale et au-dessus des lois.

La Cinémathèque dénonce une ­« logique de lynchage »

En janvier, sa nomination comme président de la cérémonie des Césars avait provoqué une bronca et poussé Roman Polanski à y renoncer. Aujourd’hui, c’est la Cinémathèque française qui est la cible d’associations féministes, dont Osez le féminisme. L’institution a prévu « de longue date », explique son directeur Frédéric Bonnaud, de lui consacrer une rétrospective, du 30 octobre au 3 décembre. Avec, notamment, une master-class autour du film Ghost Writer,le 4 novembre. Et l’avant-première de son film D’après une histoire vraie, en sa présence, le 30 octobre.

Des organisations féministes appellent à une manifestation ce jour-là devant la Cinémathèque, laquelle dénonce une ­« logique de lynchage » et affirme n’avoir pas l’intention de changer sa programmation : « Nous ne décernons ni récompenses ni certificats de bonne conduite, écrit Frédéric Bonnaud dans un communiqué qui devait être publié mercredi 25 octobre. Notre ambition est autre : montrer la totalité des œuvres des cinéastes et les replacer ainsi dans le flux d’une histoire permanente du cinéma. De ce point de vue, l’œuvre de Roman Polanski, entre films de genre et confessions douloureuses, raconte rien moins que le XXe siècle, ses innombrables tragédies et leur nécessaire et souvent sublime mise en spectacle. Elle nous paraît donc plus que jamais incontournable. »