Alors que le Togo est plongé dans une grave crise politique, la France a appelé, mercredi 25 octobre, l’opposition et le gouvernement à « un dialogue immédiat » pour aboutir à des réformes politiques, et a demandé à Lomé de respecter le droit de manifester. Depuis deux mois, l’opposition réclame le départ du président Faure Gnassingbé, dont la famille dirige le Togo depuis un demi-siècle et qui est lui-même au pouvoir depuis 2005.

La veille, le président ivoirien, Alassane Ouattara, a exhorté les mêmes acteurs à ouvrir des « négociations » en vue de sortir de la grave crise politique qui secoue le pays et qui a fait au moins seize morts, dont des adolescents et deux militaires lynchés par la foule, en à peine deux mois, selon un bilan établi par l’AFP.

De son côté, le département d’Etat américain s’est dit, dans un communiqué publié mardi, « profondément préoccupé par l’escalade de la violence et les restrictions à la liberté d’expression et de réunion au Togo liées aux manifestations suscitées par les réformes constitutionnelles proposées ».

« Milices »

« La France reste attentive à l’évolution de la situation au Togo. Nous sommes préoccupés par les rapports sur la présence d’hommes en civil aux côtés des forces de l’ordre, pouvant s’apparenter à des milices », a déclaré mercredi la porte-parole du ministère des affaires étrangères, Agnès Romatet-Espagne.

« Nous souhaitons que le gouvernement togolais respecte le droit de manifester. Les manifestations doivent s’exprimer de façon pacifique, a indiqué Mme Romatet-Espagne. La France appelle à l’ouverture d’un dialogue immédiat qui doit mener aux réformes politiques attendues, en particulier la révision de la Constitution prévoyant la limitation à deux mandats présidentiels et l’instauration d’un scrutin présidentiel à deux tours. »

L’actuelle Constitution togolaise ne limite pas le nombre de mandats que peut effectuer le président, dont le choix se fait lors d’un scrutin à un seul tour. Face à une importante contestation sociale, le gouvernement a établi un projet de modification constitutionnelle, qu’il a promis de soumettre au peuple par voie de référendum, mais l’opposition le rejette car la limitation des mandats n’est pas rétroactive et permettrait au président Faure Gnassingbé, élu en 2005, de se représenter en 2020 puis en 2025.

« Impasse »

Mardi, en marge d’une réunion de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) à Niamey, le président ivoirien, Alassane Ouattara, a estimé qu’il fallait des « négociations » entre l’opposition et le gouvernement togolais, et que celles-ci devaient « aboutir aux modifications constitutionnelles qui ont été déjà engagées ». Les deux principaux points devant faire l’objet de modification sont « la limitation à deux mandats » présidentiels et une élection présidentielle à deux tours, a-t-il expliqué.

« Il est important qu’il y ait un climat de paix au Togo, a ajouté le président ivoirien. Nous condamnons la violence quelle qu’en soit l’origine. » « Les manifestations doivent pouvoir se faire mais de manière pacifique », et les auteurs de « violences » seront « sanctionnés » par la Cédéao, qui « n’hésitera pas à prendre les mesures rigoureuses », a averti M. Ouattara.

Les Etats-Unis, dans un communiqué publié mardi par le département d’Etat, ont eux aussi encouragé « le gouvernement et l’opposition à engager un dialogue sans conditions préalables, ce qui est la seule solution à l’impasse actuelle ». « Les États-Unis sont préoccupés par la décision du gouvernement togolais de restreindre les manifestations en semaine et d’arrêter un imam éminent dans la ville de Sokodé », ajoute ce communiqué de Heather Nauert, la porte-parole du département d’Etat, exhortant « toutes les parties à renoncer à la violence ».