L’Académie française, le 1er décembre 2016 à Paris. / ERIC FEFERBERG / AFP

Une charge lourde contre l’écriture inclusive. « A l’unanimité », les membres de l’Académie française lancent, dans un communiqué diffusé jeudi 26 octobre, « un cri d’alarme » contre l’utilisation de ce type de graphie qui prône des règles grammaticales plus neutres, en rendant visible en même temps le féminin et le masculin. Exemple : « Les candidat·e·s à la présidentielle. »

Pour les immortels, l’écriture inclusive, promue notamment par des mouvements féministes, « aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité ».

« On voit mal quel est l’objectif poursuivi et comment il pourrait surmonter les obstacles pratiques d’écriture, de lecture — visuelle ou à voix haute — et de prononciation. Cela alourdirait la tâche des pédagogues. Cela compliquerait plus encore celle des lecteurs. »

« Devant cette aberration “inclusive”, la langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès aujourd’hui comptable devant les générations futures », poursuivent-ils.

« Egalité des sexes »

Si l’expression « écriture inclusive » est assez récente, la réflexion a été amorcée il y a une vingtaine d’années autour de l’idée de neutralité dans l’écriture. Longtemps cantonné aux mouvements féministes, ce n’est que récemment que l’usage de cette graphie a commencé à s’élargir et à apparaître dans le débat public.

Notamment depuis qu’elle a été encouragée par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEFH), qui publiait dès 2015 un guide pratique « pour une communication sans stéréotype de sexe », soulignant :

« Une langue qui rend les femmes invisibles est la marque d’une société où elles jouent un rôle second. C’est bien parce que le langage est politique que la langue française a été infléchie délibérément vers le masculin durant plusieurs siècles par les groupes qui s’opposaient à l’égalité des sexes. »