Olivier Faure, député Nouvelle Gauche, à l’Assemblée nationale, le 24 octobre. / ERIC FEFERBERG / AFP

« Ce n’est pas à François Hollande de décider qui sera le prochain premier secrétaire. » Invité de l’émission « Questions d’info » sur LCP en partenariat avec Le Monde, l’AFP et France Info, Olivier Faure a adressé, jeudi 26 octobre, un avertissement à peine voilé à l’ancien président de la République. Alors que le Parti socialiste, meurtri par la déroute électorale de mai et de juin, cherche à se reconstruire, le patron du groupe Nouvelle Gauche à l’Assemblée nationale a jugé « tout à fait légitime » que François Hollande défende son propre bilan « face à des gens qui cherchent à le détruire ».

« Ce que je considérerais comme moins légitime, c’est s’il cherchait à préempter la reconstruction de la gauche et donc à donner le sentiment que les prochaines années se joueront dans un match entre l’ancien président et l’actuel président. »

Le Parti socialiste doit tenir un congrès de refondation début 2018. Pour le moment, une direction collégiale pléthorique le dirige. « Il faut un premier secrétaire, il faut une incarnation », a fait valoir Olivier Faure, en se donnant pour mission de « faire émerger une nouvelle génération plutôt issue des territoires et qui incarne sur les différentes régions ce que le socialisme a réussi de mieux dans ces dernières années ». Parmi les noms qu’il a cités figurent ceux de Matthias Fekl, Najat Vallaud-Belkacem, Carole Delga, Guillaume Bachelay, Boris Vallaud, on encore Delphine Batho.

Rompre avec les pratiques anciennes

Méfiante à l’égard des Hollandais qui pourraient être tentés de mettre la main sur le parti, cette nouvelle génération a, selon Olivier Faure, conclu un accord pour éviter de s’entre-déchirer. « Nous nous retrouverons dans les prochaines semaines, avant le congrès, et nous déciderons ensemble celui ou celle qui permettra d’incarner de la meilleure façon qu’il soit cette partie-là de la gauche, la gauche réformiste, démocratique », a souligné le patron du groupe socialiste. Une façon aussi de bloquer d’éventuels revenants, comme Stéphane Le Foll ou Bernard Cazeneuve.

Récusant le terme de « pacte », Olivier Faure a insisté sur la nécessité de rompre avec les pratiques anciennes : « Les guerres du passé, ce n’est plus possible », a-t-il fait valoir, en préconisant « un travail en réseau sans s’accaparer le pouvoir » et en déliant la fonction de premier secrétaire de celle de candidat à l’élection présidentielle.

Autre prise de distance notable : alors que les proches de François Hollande multiplient les attaques contre Jean-Luc Mélenchon, Olivier Faure a déclaré qu’il « n’avait aucun problème pour travailler » avec le leader de La France insoumise. « Est-ce que j’ai les mêmes propositions ? Est-ce que je pense comme Jean-Luc Mélenchon ? La réponse est clairement non, mais je n’ostracise personne, je ne considère pas qu’il y a des gens avec qui on ne pourrait pas parler », a-t-il précisé.

Se présentant comme « l’allié de l’environnement », le chef de file des députés PS a également appelé à « aider » Nicolas Hulot, qui « est le seul dans ce gouvernement à dépasser les clivages ». « Nicolas Hulot incarne aux yeux des Français l’effort sur les questions écologiques. Si même lui n’y arrive pas, ce serait un signal terrible. Son échec serait un échec retentissant », a- t-il prévenu.