De droite à gauche, le chef de file du FDP, Christian Lindner, le représentant de la CSU, Alexander Dobrindt, celle des Verts, Katrin Goering-Eckardt et celui de la CDU, Armin Laschet, le 26 octobre à Berlin. / FABRIZIO BENSCH / REUTERS

Une semaine après le début de leurs pourparlers, les premières crispations sont apparues entre les partis avec lesquels la chancelière allemande, Angela Merkel, entend constituer son prochain gouvernement. Après quasiment onze heures de discussion, les représentants des conservateurs (CDU-CSU), des libéraux-démocrates (FDP) et des Verts se sont séparés, jeudi 26 octobre, sans pouvoir acter de position commune sur l’immigration et l’environnement, et avec un simple compromis de façade sur l’Europe.

C’est sur l’immigration que l’attente était la plus forte. Avant leur réunion, les dirigeants de la CSU bavaroise ont réaffirmé leur attachement à l’accord scellé avec la CDU de Mme Merkel après les élections législatives du 24 septembre. Celui-ci prévoit notamment que le nombre de réfugiés pouvant être accueillis chaque année en Allemagne ne dépasse pas les 200 000.

Or les Verts – et le FDP de façon moins frontale – se sont toujours opposés à la fixation d’un tel objectif. Sur le regroupement familial, les écologistes et les conservateurs sont également en complet désaccord. Qui allait céder à qui ? Jeudi, la réponse à cette question était très attendue, compte tenu du caractère symbolique qu’a pris, dans le pays, le débat sur le « plafonnement » du nombre de réfugiés. Dans la soirée, la presse a finalement été informée que les pourparlers sur l’immigration étaient reportés d’une semaine.

« Se contente-t-on de dire : “On verra bien” ? »

Sur l’environnement, il faudra là aussi patienter. Les Verts réclament la fermeture immédiate des vingt centrales à charbon les plus polluantes, et celle de toutes les autres d’ici à 2030. La CDU-CSU et le FDP considèrent ces exigences comme irréalistes. En outre, les écologistes souhaitent que le « contrat de coalition » indique, de façon beaucoup plus précise que leurs partenaires, comment l’Allemagne compte atteindre son objectif de réduire de 40 %, d’ici à 2020, ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. « Après cette journée de discussions, les choses n’étaient toujours pas clarifiées sur la valeur que nous accordons à nos objectifs. Se contente-t-on de dire : “On verra bien” ? Les considère-t-on, au contraire, comme contraignants ? Pour nous, c’est ça qui compte », a regretté la dirigeante écologiste Katrin Göring-Eckardt.

Comme sur l’immigration, les dirigeants de la CDU, de la CSU, du FDP et des Verts ont décidé de se donner quelques jours de plus avant de coucher par écrit le début d’un compromis sur les questions environnementales. Sur l’Europe, ils ont un peu plus progressé, ne serait-ce que parce qu’ils ont au moins réussi à rédiger une première feuille de route.

Celle-ci reste toutefois très générale. Sur la politique fiscale de l’Union européenne, l’avenir de la zone euro ou les relations avec la Turquie, trois sujets qui les divisent, les négociateurs se sont surtout mis d’accord pour préciser ultérieurement leurs éventuelles convergences. « Il est clair que nous voulons tous une Europe forte et unie. Il s’agit maintenant de savoir comment et dans quels domaines nous pouvons y parvenir », a ainsi déclaré Peter Tauber, le secrétaire général de la CDU. Traduction : les négociations risquent d’être longues, très longues.