Trois casques bleus ont été tués et deux autres blessés au Mali, jeudi 26 octobre, lorsque leur véhicule a heurté « une mine ou un engin explosif improvisé », a indiqué la Minusma, la mission des Nations unies dans le pays. Le même jour, l’armée française a annoncé avoir mis hors de combat un « groupe armé terroriste » affilié à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et tué quinze djihadistes dans la nuit de lundi à mardi, dans le nord du pays.

« Crimes de guerre »

« Vers 14 h 30, un véhicule de la force de la Minusma qui escortait un convoi logistique a heurté une mine ou un engin explosif improvisé sur l’axe Tessalit-Aguelhok », non loin de la frontière avec l’Algérie, a précisé la Minusma dans un communiqué. « Suite à l’explosion, trois casques bleus ont perdu la vie et deux ont été blessés, selon un bilan provisoire. Leur évacuation médicale a été effectuée sur la ville de Kidal », ajoute le communiqué, qui n’indique pas la nationalité des victimes.

« Je condamne avec la dernière énergie de tels actes abjects ayant pour seul but de déstabiliser le pays et de porter atteinte au processus de paix en cours au Mali », a déclaré le chef de la mission de l’ONU par intérim, Koen Davidse, en présentant ses condoléances. La Minusma « reste déterminée à poursuivre ses efforts pour la consolidation de la paix au Mali », a-t-il ajouté, rappelant que « les attaques visant des soldats de la paix peuvent constituer des crimes de guerre au regard du droit international ».

Le 5 septembre, deux casques bleus de la Minusma ont été tués et deux grièvement blessés dans une attaque similaire au passage de leur véhicule, dans le nord-est du pays. Et trois casques bleus bangladais ont été tués et cinq autres blessés « gravement » dans une attaque à l’engin explosif contre leur convoi, le 24 septembre. Déployée depuis juillet 2013, la Minusma, qui compte un effectif d’environ 12 500 militaires et policiers, est la mission de maintien de la paix de l’ONU la plus coûteuse en vies humaines depuis la Somalie (1993-1995), avec plus de 80 casques bleus tués en opération.

L’attaque de jeudi survient après la visite dimanche des ambassadeurs des quinze pays siégeant au Conseil de sécurité de l’ONU du poste de commandement de la force anti-djihadiste du G5 Sahel à Sévaré, ville située dans le nord du Mali. Cette force conjointe, formée de soldats du Mali, du Niger, du Tchad, du Burkina Faso et de Mauritanie, doit lancer sa première opération à la fin du mois.

« Katiba terroriste »

Depuis août 2014, une partie de la lutte contre le terrorisme au Mali est assurée par l’opération « Barkhane », dans le cadre de laquelle 4 000 soldats français ont été déployés dans plusieurs pays de la bande sahélo-saharienne, une zone vaste comme l’Europe.

Jeudi, au cours d’un point presse, le colonel Patrick Steiger, porte-parole de l’état-major des armées, a déclaré que « la découverte d’une katiba terroriste dans la région d’Abeïbara [à 100 km au nord-est de Kidal] a entraîné le déclenchement d’une action combinée entre les Forces spéciales françaises et des soldats de l’opération “Barkhane” ».

L’opération a compris « une frappe par les Mirage 2000, une intervention d’hélicoptères Tigre et une intervention au sol », a-t-il ajouté. Elle « a permis de mettre hors de combat quinze membres de cette katiba qui dépendait d’Ansar Eddine, [un groupe] affilié à AQMI, la récupération et la destruction d’armes et de munitions », a précisé le porte-parole. Le colonel Steiger a illustré son propos par la diffusion d’une photo de l’armement saisi : plusieurs pistolets-mitrailleurs Kalachnikov, deux fusils-mitrailleurs, des grenades et de nombreux chargeurs.

Le nord du Mali était tombé en 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaida. Les jihadistes avaient été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques malgré la signature d’un accord de paix censé isoler définitivement les djihadistes mais dont l’application accumule les retards.