LES CHOIX DE LA MATINALE

Du théâtre équestre avec Bartabas, un conte musical, une exposition sur les liens entre art africain et mouvement dada, et de la danse hip-hop : ce week-end, il y en a pour tous les goûts.

EXPOSITION. « Dada Africa », au Musée de l’Orangerie

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« Dada Africa » confirme la récente mu­tation du Musée de l’Orangerie : sur un sujet clairement défini, une exposition dense qui associe à des œuvres célèbres d’autres qui le sont peu, dans un accrochage qui conjugue explication et contemplation. Le sujet ? Les relations que le mouvement dada a eues avec l’art classique africain, de sa naissance en 1916 à sa dispersion au début de la décennie suivante, cela dans les quatre villes où il a vécu, ­Zurich, New York, Paris et Berlin.

Par art classique africain, on entend ce que l’on appelait alors d’ordinaire les « fétiches » des « primitifs ». Quant à dada, c’est ce groupe cosmopolite et à composition variable selon les lieux et les moments dans lequel des poètes – Hugo Ball, Tristan Tzara, André Breton – font équipe avec des ­artistes – Marcel Janco, Jean Arp, Max Ernst, Francis Picabia.

L’exposition s’est tenue en 2016 au Rietberg Museum de Zurich, dans le cadre du centenaire de dada. De nombreuses œuvres y ont été ajoutées, africaines et dadaïstes, ainsi que de nombreux documents, ordonnés par une perspective historique. Philippe Dagen

Dada Africa, sources et influences extra-occidentales, Musée de l’Orangerie, jardin des Tuileries, Paris 1er. Du mercredi au lundi de 9 heures à 18 heures. Entrée : de 6,50 € à 9 €. Jusqu’au 19 février 2018.

SPECTACLE. Des pandas, entre ombres chinoises et musique de la Renaissance, au Quai Branly

« A quoi rêvent les pandas ? », un spectacle jeune public au Quai Branly, à Paris, jusqu’au 29 octobre. | PENGSIYU

Depuis la récente naissance d’un bébé au zoo de Beauval (Loir-et-Cher), les pandas occupent plus que jamais l’actualité animalière en France. Rien d’étonnant dans ce contexte que le héros du spectacle jeune public proposé par le Musée du quai Branly-Jacques Chirac soit ce petit animal noir et blanc, dont les spectateurs suivent le parcours initiatique aux côtés d’un crocodile, d’un singe et d’un phénix.

Le temps de cinq représentations, dans le cadre du Théâtre Claude Lévi-Strauss (le musée parisien dispose de sa propre salle de spectacles à l’intérieur de ses murs), les artistes chinois du Centre de théâtre d’ombres du Hunan, spécialisés dans l’art de la marionnette, et les musiciens français de l’ensemble Doulce Mémoire, spécialistes de la musique de la Renaissance, unissent leurs talents pour créer un conte musical original, A quoi rêvent les pandas ? Une rencontre insolite entre Orient et Occident, entre les marionnettes traditionnelles venues de Chine et les mélodies anciennes de France. L’occasion de découvrir en famille une jolie fable-berceuse pleine d’images colorées et de sons. Cristina Marino

« A quoi rêvent les pandas ? », spectacle jeune public, à partir de 5 ans. Avec le Centre de théâtre d’ombres du Hunan (Chine) et l’ensemble Doulce Mémoire. Les vendredi 27, samedi 28 et dimanche 29 octobre de 16 h 30 à 17 h 30. Théâtre Claude Lévi-Strauss, Musée du quai Branly-Jacques Chirac, 37, quai Branly, Paris-7e. Tél. : 01-56-61-71-72. Tarifs : 20 € et 15 €.

SPECTACLE. « Ex Anima », de Bartabas, à Aubervilliers

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Aucun cavalier, aucun exploit équestre classique, rien que des chevaux en scène, évidemment surveillés à distance par des écuyers mais au plus près d’une présence directe. Le spectacle Ex Anima, mis en scène par Bartabas pour une quarantaine d’équidés, parie avec audace sur une succession de tableaux très sobres centrés sur les comportements des animaux dont certains vivent au Théâtre équestre Zingaro depuis plus de vingt ans.

Contempler les chevaux, leur immobilité, leur silence, leur détente nerveuse, fait partie des surprises douces de cette pièce qui engendre un calme étrange que les scènes plus nerveuses avec attaque et domination explosent. Ex Anima, dont l’exploit technique est à saluer, exige beaucoup d’attention et d’humilité de la part des cavaliers devenus des manipulateurs de l’ombre. L’espace et le temps du théâtre, ceux des chevaux, se superposent dans une cérémonie inédite.

Les partis pris musicaux de François Marillier, Véronique Piron, Jean-Luc Thomas et Wang Li se révèlent incroyablement ajustés. Un orchestre de quatre musiciens jouant de différentes sortes de flûtes de Chine, d’Irlande, d’Inde du Nord et du Japon soutient et soulève cette équipée insolite en nimbant les apparitions de mystère.

Dans le programme de Ex Anima, Bartabas a fait photographier chacun de ses équidés à la manière du Studio Harcourt, comme de grands acteurs. Une idée qui signe impeccablement l’esprit et la substance du spectacle. Rosita Boisseau

« Ex Anima », de Bartabas. Théâtre équestre Zingaro, Fort d’Aubervilliers. Mardi, mercredi, vendredi, samedi à 20 h 30, dimanche à 17 h 30. Durée 1 h 30. De 21 € à 43 €. Tél. : 01-48-39-54-17.

DANSE. Hip-hop festival Karavel, le 27 octobre à Vaulx-en-Velin

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Sous la direction du chorégraphe Mourad Merzouki, le festival hip-hop Karavel, qui se déroule depuis le 6 octobre jusqu’au 5 novembre dans une quinzaine de lieux en région Auvergne-Rhône-Alpes, valorise les jeunes compagnies de tous styles.

A l’affiche du Centre culturel Charlie Chaplin, à Vaulx-en-Velin, vendredi 27 octobre, la compagnie nantaise Chute Libre, créée en 2005 par Annabelle Loiseau et Pierre Bolo, présente In Bloom, une pièce pour dix interprètes qui se confrontent au Sacre du Printemps, de Stravinsky.

Au Toboggan, à Décines, samedi 28 octobre, la compagnie Art Move Concept, pilotée par Soria Rem et Mehdi Ouachek, se risque dans Nibiru à une envolée hip-hop abstraite enracinée dans l’écriture du mouvement et sa musicalité. En évoquant le chaos du monde aujourd’hui, les deux artistes originaires de Seine-et-Marne creusent un style singulier entre hip-hop, mime, danse contemporaine et cirque. Cette production est destinée à tous les publics à partir de 8 ans. Dimanche 29 octobre, un goûter hip-hop gratuit est proposé à 16 heures pour les familles. R. Bu

Karavel, jusqu’au 5 novembre. Le 27 octobre, Centre culturel Charlie Chaplin, à Vaulx-en-Velin. Tél. : 04-72-04-81-19. De 6 € à 13 €. Le Toboggan, Décines. De 12,50 € à 25 €. Goûter gratuit sur réservation au 04-72-93-30-14.

THÉÂATRE. On peut toujours rêver avec Sacha Guitry

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Un couple dans le salon d’un avocat, avec qui le mari a rendez-vous pour affaires. La femme aussi, mais pour d’autres affaires. Elle se dit fidèle, mais elle s’ennuie, et les regards qu’elle a échangés avec l’avocat célibataire et séducteur, au cours de dîners en ville, laissent présager une jolie aventure…

Ainsi commence Faisons un rêve, une des pièces les plus célèbres de Sacha Guitry, présentée au Théâtre de la Madeleine dans une mise en scène de Nicolas Briançon. Rien de révolutionnaire, mais un esprit charmant : décor et costumes à l’ancienne, plaisir d’entendre un texte où chaque réplique pétille. La malice et la rouerie éblouissantes de Sacha Guitry ne font pas oublier sa misogynie, mais elles la replacent dans un contexte où elle devient accessoire. Marie-Julie Baup excelle dans le registre de femme piquante. Même si son mari (Eric Laugérias) et son amant (Nicolas Briançon) sont moins convaincants, on passe un bon moment. Brigitte Salino

« Faisons un rêve », de Sacha Guitry. Mise en scène de Nicolas Briançon. Théâtre de la Madeleine, 19, rue de Surène, Paris-8e. Tél. : 01-42-65-07-09. A 19 heures, dimanche à 15 heures. De 16 € à 47 €