Karim Achoui à Melun, le 2 février 2016, lors du procès en appel de Ruddy Terranova et Mamadou Ba, acquittés deux ans plus tôt de la tentative d’assassinat qui a visé l’avocat pénaliste. / LIONEL BONAVENTURE / AFP

L’avocat pénaliste Karim Achoui, qui avait été mis en examen le 22 septembre pour exercice illégal de la profession, ne pourra plus exercer en France. La cour d’appel de Paris a prononcé jeudi 26 octobre cette interdiction contre l’avocat, qui avait déjà été radié du barreau de Paris en 2012. Les juges d’instruction n’avaient pas retenu, dans les conditions de son contrôle judiciaire, l’interdiction immédiate d’exercer en France. Le parquet avait interjeté appel.

« C’est une victoire du parquet, je ne fais pas le mauvais joueur », a réagi Karim Achoui, qui a annoncé se pourvoir en cassation.

Le 26 octobre, la chambre de l’instruction a donné raison au ministère public au terme de l’audience qui s’est déroulée en présence de Karim Achoui et de ses avocats, notamment l’ancien bâtonnier de Paris Christian Charrière-Bournazel et Me Christian Saint-Palais.

Prestation de serment à Alger

« Toute la question est de savoir si des juges français peuvent interdire à un avocat d’Algérie d’exercer en France », a-t-il poursuivi. Selon lui, cette décision est contraire « à la loi de 1971, selon laquelle nul magistrat ne peut interdire à un avocat d’exercer ».

Radié du barreau de Paris par la justice, notamment pour « manquements déontologiques », Karim Achoui a fait sa prestation de serment à Alger, ce qui lui a parfois permis de plaider devant des juridictions françaises, en vertu d’une convention de 1962 selon laquelle « les avocats inscrits à un barreau d’Algérie pourront assister ou représenter les parties devant toutes les juridictions françaises […] dans les mêmes conditions que les avocats inscrits à un barreau français ».

Tentative d’assassinat

Surnommé « l’avocat du milieu », Karim Achoui est connu pour avoir défendu des figures du grand banditisme. Il a vu son nom apparaître dans plusieurs affaires, dont l’évasion en 2003 d’Antonio Ferrara. Soupçonné dans ce dossier de complicité d’évasion, Karim Achoui a été condamné en première instance à sept ans de prison, mais acquitté en appel en 2010. En 2007, il a été victime d’une tentative d’assassinat.

L’avocat préside par ailleurs la Ligue de défense judiciaire des musulmans, qu’il a fondée en 2013 pour « lutter contre les discriminations islamophobes ».

En janvier 2016, Karim Achoui avait été autorisé à défendre le chanteur Jean-Luc Lahaye dans un procès à Paris, mais d’autres juridictions, notamment la cour d’appel d’Aix-en-Provence, l’ont empêché de plaider.