Une cinquantaine de militantes féministes sont venues protester, lundi 30 octobre, contre la venue de Roman Polanski à la Cinémathèque de Paris, qui organisait une rétrospective consacrée au réalisateur franco-polonais, accusé par plusieurs femmes d’agressions sexuelles.

L’association Osez le féminisme ! avait appelé à manifester devant l’établissement où le réalisateur de 84 ans doit assister à la projection de son dernier film, D’après une histoire vraie.

A son arrivée, les spectateurs ont ovationné le cinéaste dans la salle de projection. Avant d’y entrer, M. Polanski a fait face à des militantes Femen également venues protester contre cette rétrospective, selon notre journaliste sur place, Laurent Carpentier.

« Il y a quelque chose de très malsain dans le fait de traiter les violences [faites aux femmes] par rapport aux qualités et aux défauts de l’agresseur et non pas par rapport à la dignité et à l’accès au droit des victimes », déclare Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole du groupe Osez le féminisme ! Une pétition réclamant l’annulation de l’hommage à Polanski a recueilli plus de 26 000 signatures.

Le ministère défend l’événement

La Cinémathèque française a exclu d’annuler la rétrospective. « Fidèle à ses valeurs et à sa tradition d’indépendance, la Cinémathèque n’entend se substituer à aucune justice », a informé l’institution présidée par le réalisateur Costa-Gavras, dénonçant une demande de « censure pure et simple ». « La rétrospective Polanski est prévue depuis très longtemps, a déclaré pour sa part vendredi la ministre de la culture, Françoise Nyssen. Il s’agit d’une œuvre, il ne s’agit pas d’un homme, je n’ai pas à condamner une œuvre. »

Sous la pression de féministes, Roman Polanski avait dû au début de l’année renoncer à présider la cérémonie des Césars. Le cinéaste a été poursuivi en 1977 aux Etats-Unis pour le viol d’une adolescente de 13 ans, Samantha Gailey. Alors âgé de 43 ans, Polanski avait reconnu avoir eu des relations sexuelles illégales avec une mineure. Le juge avait accepté de ne pas retenir d’autres incriminations, dont le viol.

Après avoir passé quarante-deux jours en prison, Roman Polanski s’était enfui des Etats-Unis en janvier 1978, redoutant d’être lourdement condamné, contrairement à un accord à l’amiable.

Osez le féminisme ! reproche aussi à la Cinémathèque de prévoir en janvier une rétrospective consacrée à Jean-Claude Brisseau. Celui-ci avait été condamné en 2005 pour le harcèlement sexuel de deux jeunes actrices qui espéraient décrocher un premier rôle dans son long-métrage Choses secrètes.