« Call of Duty : WWI » sort le 3 novembre. / Activision

La relance par le retour aux basiques. C’est l’esprit de Call of Duty : WWII, l’épisode annuel de la série de jeux de tir Call of Duty, qui sort vendredi 3 novembre sur PlayStation 4, Xbox One et PC. Pour la première fois depuis World at War, en 2008, la poule aux œufs d’or d’Activision revient à son cadre historique, celui de la seconde guerre mondiale, qui a bercé sa naissance et la quasi-totalité de ses premiers épisodes, de 2003 à 2008.

Pour l’éditeur américain, le pari est double. Il s’agit d’enrayer l’érosion des ventes de la série, passées du record de 30 millions d’unités écoulées de Call of Duty : Modern Warfare III (2011) à l’échec du dernier épisode en date, l’opus intergalactique Call of Duty : Infinite Warfare (2016), dont Activision n’a pas communiqué les chiffres.

En France, la série passait régulièrement le million de ventes à chaque nouvel épisode lors de ses années fastes, au début des années 2010, quand elle était le titre le plus vendu chaque année. Mais en 2016, Call of Duty : Infinite Warfare n’a convaincu que 460 000 acquéreurs, selon les chiffres de GFK. Pis, dans le même temps, la série concurrente la dépassait pour la première fois, avec Battlefield 1 et ses combats inscrits dans la première guerre mondiale. « Infinite Warfare innovait beaucoup, mais son cadre [un univers de science-fiction] n’intéressait pas tous nos fans », en a conclu le directeur opérationnel d’Activision, Eric Hirshberg, lors d’une communication financière en début d’année.

Un risque sur l’e-sport

En revenant au contexte de la seconde guerre mondiale, la saga n’entend pas seulement rassurer ses fidèles, mais également revenir à une approche différente des matchs en ligne – le mode de jeu qui a forgé son succès et lui a permis de se lancer dans la scène e-sport. Première victime : les jetpacks, qui apportaient une verticalité et un dynamisme étonnants aux derniers opus, là où WWII se veut plus terrestre, plus lent. Tolgar Kart, son directeur de développement, explique sur le Canal eSports Club que l’objectif est de « ramener le jeu en équipe au cœur du gameplay ». Une autre manière de faire revenir les vétérans de la série, et leur permettre de retrouver les repères acquis sur les anciens épisodes.

Ce virage à 180° devrait relancer un peu plus l’incertitude autour de la popularité du jeu lors des tournois d’e-sport, secteur dont Activision a fait l’un de ses axes de développement, avec huit ligues régionales et une dotation de 420 000 dollars pour la saison 2017-2018.

« Call of Duty est une inconnue chaque année en termes d’e-sport : le jeu n’est pas régulier du tout et peut tout cartonner comme “flopper” de manière spectaculaire », observe Nicolas Cerrato, fondateur de la société Gamoloco, qui analyse la popularité des jeux sur les plates-formes de diffusion en direct. Tandis que les titres les plus prisés sont ceux qui montrent le plus de stabilité, Call of Duty peine à construire depuis 2013, la faute à des épisodes trop différents les uns les autres.

Avec ce retour à la seconde guerre mondiale, Activision va par ailleurs à contre-courant des tendances de la scène e-sport, à savoir des jeux vidéo de plus en plus colorés et de moins en moins violents, afin de répondre aux critères d’une large médiatisation. A la fin d’octobre, le CIO a rappelé que l’e-sport pourrait être reconnu comme discipline sportive s’il se conformait aux critères olympiques, dont l’un d’eux est la non-violence. Ironiquement, Activision a été, en 2016, le premier éditeur à avoir publiquement fait part de son souhait de voir sa série phare rejoindre les olympiades.