L’essentiel

  • L’armée syrienne a repris la ville de Deir ez-Zor des mains de l’Etat islamique (EI), a annoncé vendredi 3 novembre la télévision d’Etat syrienne. Deir ez-Zor, un temps conquise par des groupes rebelles après les manifestations de 2011, était sous contrôle de l’EI depuis 2014.
  • La chute de Deir ez-Zor signe la perte pour l’EI l’un des derniers grands centres urbains sous contrôle du groupe terroriste depuis la chute de Rakka, son grand bastion syrien, à la mi-octobre.
  • C’est la fin d’une double offensive lancée en septembre contre l’EI dans ce chef-lieu d’une province riche en pétrole, frontalière de l’Irak. La première était menée par l’armée syrienne et ses alliés. La seconde a été lancée, également en septembre, par les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par la coalition internationale menée par les Etats-Unis.

Conditions humanitaires catastrophiques

Les estimations de la population de Deir ez-Zor, qui comptait 300 000 habitants avant la guerre, varient, mais les sources s’accordent pour dire qu’elle a sensiblement diminué depuis le début de la guerre. Les djihadistes ont également imposé, dès 2015, un siège aux forces syriennes retranchées dans deux enclaves, dans l’ouest et le sud de la cité. Celui-ci a provoqué d’importantes pénuries alimentaires et une flambée des prix, et a limité l’accès aux soins.

Les largages de vivres par le régime et l’Organisation des Nations unies ont été perturbés par l’EI. Des militants signalent également des conditions humanitaires catastrophiques dans les secteurs tenus par le groupe djihadiste, notamment depuis l’avancée de l’armée syrienne, qui a compliqué l’approvisionnement. Nourriture et matériel médical se sont raréfiés, et la population a été confrontée à des pénuries d’eau et à des coupures de courant.

La citation

« L’EI va passer d’une organisation insurgée à un groupe terroriste. »

Les experts préviennent que ces différents revers ne signent pas la fin de l’organisation djihadiste, qui est amenée à se transformer, selon Colin P. Clarke, un expert du groupe de réflexion RAND Corporation.

La photo

Un soldat de l’armée syrienne fait le « V » de la victoire sur un char d’assault, lors d’une opération contre les djihadistes de l’Etat Islamique, à Deir ez-Zor, le 2 novembre. / STRINGER / AFP

Et après ?

Deir ez-Zor était le dernier centre urbain tenu par l’EI en Syrie, depuis la chute de Rakka mi-octobre. Après avoir contrôlé un tiers des deux pays, l’EI est aujourd’hui acculé dans la vallée de l’Euphrate. Le 7 octobre, le général américain Robert Sofge, numéro deux de la coalition internationale anti-EI, estimait qu’environ 2 000 combattants se cachent dans le désert environnant. Les deux victoires à Rakka et à Deir ez-Zor ne signifient pas la fin de l’EI. Bien qu’amoindrie, l’organisation a recomposé des cellules dormantes dans les zones libérées et se réoriente déjà sur des actions traditionnelles de type guérilla.

Par ailleurs, sur le plan diplomatique, les négociations internationales se poursuivent. Vladimir Poutine, en visite en Iran le 1er novembre, a montré sa volonté de prendre la main pour relancer des négociations. La réouverture du dialogue entre le régime et une opposition aux abois est prévue le 28 novembre à Genève, sous l’égide de l’ONU.