Julien Benneteau estime avoir livré l’un des meilleurs matchs de sa carrière face à David Goffin. / THOMAS SAMSON / AFP

Il a longuement profité de l’ovation du public. Les bras levés, Julien Benneteau a savouré les instants suivant sa qualification pour les quarts de finale du Masters 1000 de Paris (Rolex Paris Masters), les premiers de sa carrière à Bercy. Un jour après avoir éliminé Jo-Wilfried Tsonga (no 15 mondial), le vétéran français a remis le couvert jeudi 2 novembre. Après le numéro un français, c’est son homologue belge, David Goffin (no 10) qui a subi la loi de Benneteau (6-3, 6-3). Comme un symbole à trois semaines de la finale de la Coupe Davis entre les deux nations.

Lundi, le Français annonçait, à 35 ans, qu’il disputait son dernier tournoi de Bercy, expliquant vouloir prendre sa retraite sportive courant 2018. Depuis, le 83e mondial prolonge ses adieux avec le public de l’AccorHotels Arena. Dernier représentant du contingent français encore en lice dans le tournoi, Julien Benneteau affronte Marin Cilic vendredi (19 h 30) pour le cinquième quart de finale en Masters 1000 de sa longue carrière. Un nouveau membre du top 10 (le Croate est 5e mondial) à effacer pour espérer poursuivre son parcours.

« Cela faisait longtemps que je n’avais pas fait un petit truc alors que dans toute ma carrière, chaque année, j’arrivais à battre un mec ou deux du top 10 par saison, se félicitait Benneteau mercredi après avoir battu Tsonga. Cela fait plaisir d’avoir ça encore dans la raquette, dans les jambes. » Quant à sa victoire contre Goffin, elle a expédié le Français « sur un nuage lucide » (sic).

« Il n’y a pas beaucoup de matchs dans ma carrière que j’ai joués aussi bien que celui-ci, a estimé Benneteau jeudi. Les conditions de jeu me vont bien, et depuis un mois et demi, je joue très bien, et ne perds que contre des tops. » Comme à Anvers contre Tsonga, ou à Vienne face à Del Potro. De retour dans le top 100 mondial après être tombé jusqu’à la 696e place début 2016, le vétéran français n’est pas loin de jouer le meilleur tennis de sa vie.

Revenu de la 696e place mondiale

Joue-t-il sans pression parce qu’il a décrété disputer son dernier Bercy ? Le Français confesse ne pas savoir. « Il n’y a aucune raison rationnelle, admet-il en souriant. J’ai accumulé de la confiance et n’ai aucun complexe. »

Ecarté du circuit pendant longtemps en raison d’une blessure à un adducteur (en 2015), Benneteau est passé par « des moments de doutes » difficiles à gérer. « Quand on revient d’une opération, qu’on commence la rééducation et qu’à chaque exercice qu’on fait, il y a une douleur, on se dit que le terrain est loin. Et puis une fois sur le terrain, quand ça fait toujours mal, on se dit que ça va passer. Tout ça se fait petit à petit. Il faut casser les barrières, d’abord physiques, mentales, et puis parler du niveau de jeu. Cela a pris beaucoup de temps, mais on a réussi à le faire. »

Son beau parcours n’a – pour le moment – pas convaincu le Burgien de prolonger l’aventure. « C’est vraiment mon dernier Bercy », insistait-il mercredi, expliquant vouloir arrêter sa carrière en 2018, suivant « comment [il] joue et se sent ». Bénéficiaire d’une wild card (invitation) pour le tournoi de Paris après avoir dit aux organisateurs que cette édition serait sa dernière, il ne se voit guère « revenir sur le court l’année prochaine, même si j’ai le classement ; cela ne se fait pas ». Seule une année absolument exceptionnelle pourrait le faire revenir sur sa décision : « Si je finis 20e mondial… Mais bon, je ne l’ai jamais été depuis dix-sept ans que je suis sur le circuit [son meilleur classement a été 25e en 2014], cela m’étonnerait que je le sois en 2018. »

Dans le « pire » des cas, Benneteau sera 64e mondial lundi prochain. Voire mieux s’il poursuit son baroud d’honneur à Bercy et se hisse en demi-finale. Ce que doivent espérer les organisateurs d’un tournoi marqué par les défections et les contre-performances des meilleurs joueurs de la planète. Après les éliminations de Tsonga et Pouille, l’abandon sans jouer de Nadal – blessé à un genou – vendredi, a ouvert encore plus le tableau du dernier tournoi de l’année. Avant d’envisager de rêver, Julien Benneteau a un match à jouer sur le court central du palais de Bercy : « Si je m’enflamme maintenant, je suis vraiment le roi des cons. »