LES CHOIX DE LA MATINALE

Rien ne vous tente à la télévision ? Vous n’avez pas non plus envie de sortir ? Voici quatre idées de replays pour le week-end.

La révolution d’Octobre à travers Gorki et Lénine

Centenaire oblige, de nombreux documentaires consacrés à la révolution russe d’octobre 1917 sont programmés. Mais cet étonnant Lénine, Gorki : la révolution à contretemps, signé du réalisateur français Stan Neumann, sort du lot. Car en choisissant de décrypter la révolution à travers le regard de l’immense écrivain que fut Maxime Gorki (1868-1936) et d’analyser ses rapports étroits et complexes avec Lénine, Neumann opte pour un parti pris original.

A cela s’ajoute la forme narrative de ce documentaire riche en images d’archives (extraits de films, splendides photos d’époque) et en séquences d’animation qui permettent de mieux comprendre les enjeux compliqués d’une période de fer, de feu et de courants de pensée antagonistes. Sans oublier le choix, pour incarner Gorki, du comédien Denis Lavant qui, exilé en Italie, lit de nombreux extraits de ses articles parus pour la plupart dans La Vie nouvelle, quotidien fondé par Gorki qui fut, durant quelques mois, le plus lu de Russie. Alain Constant

Lénine, Gorki : la révolution à contretemps, de Stan Neumann (France, 2017, 90 min). Sur Arte + 7.

Leonard Cohen, sur le fil

Leonard Cohen in “Bird on a Wire” (Excerpt) by Tony Palmer
Durée : 02:38

Le documentaire de Tony Palmer était une commande de Leonard Cohen pour faire sa promotion et redynamiser les ventes de ses albums. Presque au jour le jour, le réalisateur nous montre, de manière intimiste et sans artifice, l’artiste, alors âgé de 37 ans, accompagné de son groupe, pendant leur tournée en 1972 à travers l’Europe. Vingt concerts assez chaotiques qui les ont conduits de Dublin à Jérusalem en passant par Londres, Paris et Berlin.

On découvre, filmés caméra à l’épaule dans des lumières souvent blafardes, les moments de détente, les répétitions, la tension avant d’entrer en scène, les engueulades avec le producteur et même les sonos qui cassent ou les départs de l’artiste en plein milieu de ses concerts parce qu’il « ne le sent pas ». A la fin du film, mécontent du résultat, Leonard Cohen demanda que Tony Palmer, cinéaste passionné de musique, le remonte et le coupe. Le film finit par tomber dans l’oubli.

C’est seulement en 2009 que les rushs originels du documentaire, tourné sur de la pellicule 16 mm, sont retrouvés dans un entrepôt hollywoodien et réexpédiés au réalisateur. Plus expérimenté que lors du tournage du film en 1972, il décide d’en monter une nouvelle version. Le rythme est alors plus soutenu et prend des allures de road-movie. Chose rare, toutes les chansons sont filmées dans leur intégralité. Ainsi, on peut assister à des versions de So Long Marianne, The Partisan, Sisters of Mercy ou Famous Blue Raincoat, reprises par les différents publics qui les connaissaient par cœur.

Au fil du documentaire, Leonard Cohen écrit sa propre histoire. « Je tente d’être libre à ma façon », explique-t-il en reprenant les paroles de sa chanson Like a Bird on a Wire. Daniel Psenny

Leonard Cohen, Like a Bird on a Wire, de Tony Palmer (EU, 2010, 116 min). Sur Arte + 7.

Jane Birkin et Gainsbourg symphoniques dans « Alcaline »

Birkin Gainsbourg- Le Symphonique
Durée : 01:33

Vingt-cinq ans après la mort de Serge Gainsbourg sortait en mars l’album Birkin/Gainsbourg : le symphonique. Un opus aujourd’hui réédité avec 21 titres originaux, plus de 40 minutes d’images inédites du couple filmées et commentées par Jane Birkin, ainsi qu’un album inédit du concert de la tournée au Japon. Tournée qu’elle a reprise, en s’arrêtant un soir au Trianon dans le cadre d’« Alcaline le concert », diffusé sur France 2. La chanteuse, servie par les arrangements poétiques du musicien japonais Nobuyuki Nakajima, revisite son passé avec le chanteur et compositeur dont elle a partagé la vie pendant plus de dix ans. La scène comme les mélodies délivrent une émotion telle qu’elle pousse Jane Birkin à confier au public : « Un soir comme ce soir avec vous tous ici, je sais qu’il aurait été ému aux larmes. » Et c’est bien cette émotion, ajoutée à un orchestre impressionnant sur scène, qui fait tout l’attrait de ce spectacle. Mathieu Ait Lachkar

Alcaline le concert, Jane Birkin (Fr., 2017, 80 mn). Sur Pluzz, jusqu’au 9 novembre.

« Les Sirènes de Levanzo » : passion ardente sous le soleil sicilien

Le scénario est, en apparence, simple. Sur la petite île de Levanzo, au large de la Sicile, Ivan (Bruno Todeschini), botaniste grenoblois de 45 ans, prépare le mariage imminent de son frère, Richard, ancien toxico. Il y est rejoint par Chiara (Alessia Barela), la meilleure amie de la mariée. L’attirance entre les deux ne tarde pas, mais leur amour semble impossible. Car lui n’y croit plus : « Le temps tue l’amour », dit-il ; et elle est déjà en ménage depuis plus de quinze ans. Ils vont pourtant décider de vivre leur passion à corps perdu lors des quelques jours qui les séparent de l’arrivée des autres invités.

Coincés sur cette île déserte et magnifique, les deux amants vont être confrontés à leurs propres échecs et à leurs propres désillusions. Dans ce huis clos insulaire, ils n’ont, comme seule fenêtre sur le monde extérieur, que des écrans : ceux de leurs portables et de leurs ordinateurs. Un passage initiatique qui arrive à point nommé dans leurs vies de quadragénaires désabusés.

Malgré une histoire qui frôle par moments la caricature, les personnages, eux, ne tombent jamais dans la niaiserie, parfaitement incarnés par le duo Bruno Todeschini-Alessia Barela, qui se muent en Orphée et Eurydice des temps modernes dans une scène finale pour le moins inattendue. Camille Langlade

Les Sirènes de Levanzo, de Rolando Colla. Avec Bruno Todeschini, Alessia Barela, Marc Barbé (Suisse/Italie, 2016, 97 min). Sur Arte + 7