Le vent dans les voiles. A l’aube de fêter le sixième mois de son élection, mardi 7 novembre, Emmanuel Macron, accompagné de son épouse Brigitte, a déambulé samedi entre les stands de la Transat Jacques Vabre, au Havre (Seine-Maritime). Comme pour signifier, de manière subliminale, qu’il fend les flots, laissant ses compétiteurs loin derrière. « Pour l’instant, c’est lui qui a le point », a reconnu fin octobre l’opposant numéro un, Jean-Luc Mélenchon.

De fait, depuis son arrivée à l’Elysée, M. Macron déroule : réforme du code du travail, réforme fiscale, fin de l’état d’urgence, moralisation de la vie publique, réforme de l’enseignement supérieur… Une offensive tous azimuts, sur fond de croissance qui tutoie les 2 %. « Les engagements ont été tenus », vante-t-on à l’Elysée. « On fait ce qu’on a dit qu’on ferait, c’est bibliquement simple », résume le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie, Benjamin Griveaux. A Matignon, où l’on coche la « to do list », projet après projet, on se félicite d’avoir réalisé « tout ce qui était prévu pour les six premiers mois ».

Loin de ralentir le rythme, l’exécutif a d’ailleurs décidé de maintenir la pression sur un appareil d’Etat sous tension. Les prochaines semaines seront dominées par la réforme de la formation professionnelle et de l’assurance-chômage. Le gouvernement lancera également une réforme du logement (fin 2017 ou début 2018) et des transports. Le chantier institutionnel sera engagé l’an prochain. « Si on veut transformer le pays, on ne peut pas le faire par tranches », défend M. Griveaux. « Il faut faire les choses quand il est possible de les faire », ajoute un conseiller de l’exécutif, qui note un « alignement favorable des planètes » dans les deux ans qui viennent, sans élection avant 2019.

« Attention à l’ébriété de la réussite »

Reste que les premiers pas du président sont jugés durement. Un peu plus d’un Français sur trois (35 %) se dit satisfait du début du quinquennat contre 59 % qui s’affirment mécontents, selon un sondage Harris Interactive pour France 2.

A l’Elysée, on se dit persuadé que l’étiquette « président des riches », dont l’opposition a affublé le chef de l’Etat, n’a pas imprimé. Mais pour près des deux tiers des interrogés (63 %), la politique menée profite « aux catégories supérieures ». « Macron était un candidat rassembleur, il est un président clivant », veut croire l’ancien ministre Michel Sapin, qui note que la « bienveillance », terme souvent employé lors de la campagne, a « disparu », « tant vis-à-vis de ses anciens amis [socialistes] que des Français ».

Pas de quoi inquiéter l’Elysée, qui note que les oppositions, y compris dans la rue, ne mobilisent pas. Les attaques du candidat à la direction du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez, qui veut préempter l’espace vacant, ont fait sourire. Dans Le JDD du 29 octobre, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes critiquait un chef de l’Etat sans âme qui a « la haine de la province ».

« C’est formidable, il attaque Macron sur ses points forts, s’amuse un conseiller élyséen. Wauquiez n’a pas vu que Macron était Julien Sorel. Un Julien Sorel qui réussit ! »

Un silence. Puis : « On est là pour dix ans ! » L’ex-député PS Gilles Savary met en garde : « Attention à l’ébriété de la réussite et à la cécité qui en découle. Le pouvoir doit être accepté par les Français. »