Un « bus de mer » alimenté par de l’hydrogène, premier du genre à transporter des passagers en France, a été inauguré, lundi 6 novembre, à La Rochelle pour assurer la liaison entre le port de plaisance des Minimes et le Vieux Port.

Dans le cadre du projet « Yélo 2 », mené sous l’égide de la communauté d’agglomération de La Rochelle, la navette maritime a vu ses batteries classiques remplacées par quatre réservoirs d’hydrogène cachés sous une banquette pour les passagers. Cet hydrogène est injecté dans une membrane, créant de l’électricité par électrolyse pour alimenter le moteur du bateau.

Selon ses initiateurs, il s’agit d’une première en milieu marin. D’autres expérimentations sont en cours à Nantes, en Allemagne ou en Angleterre mais uniquement en milieu fluvial. Grâce à ce dispositif quatre fois plus léger que les batteries électriques (environ 200 kg, contre 800 kg), le passeur Galilée gagne en autonomie, en vitesse et en capacité de transport (75 à 87 personnes). La pile à combustible a été conçue par le groupe de pneumatiques Michelin dans le cadre d’un « programme d’incubation » des nouvelles technologies.

L’expérimentation, qui doit durer jusqu’au 31 août 2018, permettra « de tester la résistance du matériel en milieu marin, hostile, et de prouver aux passagers que l’hydrogène n’est pas plus dangereux que l’essence », souligne Philippe Pallu de la Barrière, « père » du projet et fondateur de la société rochelaise Alternatives Energies.

Bientôt de l’hydrogène fabriqué sur place

Si le test est concluant, le système pourra être perfectionné. Car la station à hydrogène installée au port de plaisance des Minimes fournit pour le moment un gaz qui n’est pas produit de manière écologique. Mais « d’ici deux à trois ans, la boucle énergétique du parc d’activité à zéro carbone Atlantech de La Rochelle fournira de l’hydrogène fabriqué sur place », a assuré le maire de la ville, Jean-François Fountaine.

Mieux encore, l’hydrogène pourrait à terme être fabriqué directement à bord à partir d’eau de mer désalinisée, comme le fait déjà le navire expérimental Energy-Observer, mis à l’eau au printemps.

D’un coût global de 700 000 euros, le projet « Yélo 2 » est financé pour une moitié par l’Agence de développement et de maîtrise de l’énergie (Ademe, 280 000 euros) et la région Nouvelle-Aquitaine (60 000 euros), et pour l’autre par les entreprises partenaires (Michelin recherche et technique, Alternatives Energies, HP systems, etc.) et l’université de technologie de Belfort-Montbéliard.