La tension est montée d’un cran ces derniers jours entre l’Iran et l’Arabie saoudite. La principale raison de ce conflit : la situation au Yémen. Les deux pays s’accusent mutuellement de « crimes de guerre » après qu’un tir de missile de rebelles yéménites a été intercepté et détruit samedi 4 novembre dans le secteur de l’aéroport international de Riyad.

L’Arabie saoudite a reproché à l’Iran de fournir des équipements militaires clandestinement aux rebelles houthistes. En réponse, Téhéran par la voix de son ministre des affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a accusé lundi Riyad de « bombarde[r] le Yémen » et de le réduire « en mille morceaux, tuant des milliers d’innocents, dont des bébés, propageant le choléra et la famine ». Et la situation n’est toujours pas apaisée mardi.

  • Le prince héritier d’Arabie saoudite accuse l’Iran « d’agression directe »

Selon l’agence de presse officielle saoudienne SPA, le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman Al-Saoud a déclaré lors d’un entretien téléphonique avec le chef de la diplomatie britannique, Boris Johnson, que l’implication présumée de l’Iran dans la fourniture de missiles aux rebelles houthistes au Yémen était « une agression militaire directe par le régime iranien ».

« Cela pourrait être considéré comme un acte de guerre contre le royaume [saoudien] », a prévenu M. Ben Salman Al-Saoud. Le chef de la diplomatie saoudienne, Adel Al-Joubeir, a également prévenu Téhéran : « Les ingérences iraniennes dans la région nuisent à la sécurité des pays voisins (…). Nous ne tolérerons aucune atteinte à notre sécurité nationale. »

Sur le terrain, la coalition militaire conduite par l’Arabie saoudite a décidé de fermer temporairement tous les accès aériens, terrestres et maritimes au Yémen, afin d’empêcher l’armement par l’Iran des rebelles chiites houthistes. Et elle a prévenu l’Iran quelle se réservait le droit de répondre « de manière appropriée et au moment opportun ».

Mardi, les Nations unies ont appelé l’Arabie saoudite à mettre un terme au blocus qui empêche l’acheminement de l’aide humanitaire au Yémen. « Si ces canaux (…) ne sont pas maintenus ouverts, ce sera catastrophique pour les gens », a lancé le porte-parole du bureau des affaires humanitaires de l’ONU, Jens Laerke.

Souhaitant contenir l’influence de l’Iran chiite dans la région, l’Arabie saoudite est intervenue au Yémen en 2015, à la tête d’une coalition de pays arabes, pour soutenir le pouvoir en place à freiner l’avancée des rebelles, soutenus par Téhéran.

  • L’Iran rejette les accusations de l’Arabie saoudite

En début de semaine, l’Iran a rejeté toutes les lourdes accusations de l’Arabie saoudite. Dans un communiqué, le porte-parole de la diplomatie à Téhéran, Bahram Ghasemi, a qualifié les accusations de la coalition arabe dirigée par Riyad d’« injustes, d’irresponsables, de destructives et de provocatrices ».

M. Ghasemi estime que le tir de missile contre l’aéroport international de Riyad samedi est une réaction des houthistes « aux crimes de guerre et à plusieurs années d’agression des Saoudiens ». Il s’agit donc d’une « action indépendante en réaction à cette agression » et l’Iran n’a rien à voir là-dedans, a-t-il poursuivi.

  • Human Rights Watch qualifie de « crime de guerre » le missile visant l’aéroport de Riyad

Mardi, l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch a estimé que le tir d’un missile balistique vers l’aéroport international de Riyad pouvait être qualifié de « crime de guerre ».

« Mais cette attaque illégale ne justifie pas que l’Arabie saoudite aggrave la catastrophe humanitaire du Yémen en restreignant davantage l’aide et l’accès au pays », a prévenu dans un communiqué, Sarah Leah Whitson, directrice de HRW.