Jason Kessler est l’un des organisateurs du rassemblement suprémaciste blanc de Charlottesville. / Capture d'écran / Twitter

Sur Twitter, certains internautes disposent, à côté de leur nom d’utilisateur, d’une petite icône bleue certifiant l’authenticité de leur compte, accordée par le réseau social. Une fonctionnalité qui permet aux internautes de s’assurer que la personne qui tweete est bien celle qu’elle prétend être.

Jeudi 9 novembre, Twitter a pourtant annoncé la suspension temporaire de ce dispositif, le temps d’effectuer quelques modifications. Cette décision survient à la suite d’une vague de critiques liée à l’authentification, en début de semaine, du compte de Jason Kessler, l’un des organisateurs du rassemblement néonazi de Charlottesville – qui avait mené, en août, à la mort d’une contre-manifestante, tuée par une voiture bélier.

Mardi, Jason Kessler, qui affiche un drapeau confédéré sur son compte suivi par plus de 13 000 personnes, s’était enorgueilli d’avoir « ENFIN été certifié par Twitter ». « Je dois être le seul défenseur des travailleurs blanc à avoir cette distinction. »

Une avalanche de critiques avait aussitôt suivi cette annonce, dénonçant notamment les contradictions de Twitter, qui a récemment annoncé un renforcement de la lutte contre la haine et ses symboles. « Comment pouvez-vous certifier Jason Kessler, en lui offrant une distinction, et, en même temps, dire aux personnes de couleur qu’elles peuvent se sentir en sécurité sur Twitter ? », a-t-on par exemple pu lire sur le réseau social.

Une interprétation confuse

Le problème vient notamment de la façon dont est interprété le badge de certification du compte. « La certification était censée authentifier l’identité et la parole, mais elle est interprétée comme une approbation ou un marqueur d’importance », regrette Twitter. « Nous reconnaissons que nous avons créé cette confusion, et nous devons régler ça. »

A ses débuts, la vérification concernait surtout des célébrités, dont les comptes étaient souvent plagiés. Mais Twitter a fini par élargir le dispositif, qui peut concerner tous les comptes d’« intérêt public », explique l’entreprise sur son site. « Il s’agit en général de comptes gérés par des utilisateurs dans les domaines de la musique, du spectacle, de la mode, du gouvernement, de la politique, de la religion, du journalisme, des médias, du sport, des affaires et d’autres centres d’intérêt-clés. » Les comptes concernés peuvent lancer une démarche de certification auprès de Twitter, qui l’approuvera ou non.

Le réseau social prend toutefois le soin de noter qu’« un badge certifié n’implique en aucun cas une recommandation de la part de Twitter ». Mais son design – un symbole de validation – peut laisser planer la confusion.

Ce n’est pas la première fois que Twitter certifie des comptes d’extrême droite. Richard Spencer, suprémaciste blanc et figure de l’alt-right américaine, avait lui aussi obtenu le précieux symbole.