Des femmes à la rue, qui dorment dehors. En France, c’est une réalité devenue quotidienne : 22 % des personnes isolées sans domicile sont des femmes. « A Paris, nous ne trouvons pas de solutions à trois demandes sur quatre, pire que pour les hommes dont la moitié des demandes sont satisfaites », explique Christine Laconde, la directrice du Samusocial de la capitale. En 2016, cette antenne a reçu 5 400 appels de femmes seules. Mercredi 8 novembre, elle a lancé sa plate-forme « La rue avec elles » pour récolter des dons et réunir des moyens pour ce dispositif.

Pascaline Koua est dehors depuis maintenant huit mois. Cette Ivoirienne de 43 ans a quitté son pays pour fuir la guerre et soutenir sa famille. « J’appelle le 115, mais on me dit qu’il n’y a pas de place. Alors je me réfugie à la gare de Lyon mais impossible de dormir avec le bruit, la foule, la peur… C’est dangereux. »

Un pis-aller est d’attendre, chaque jour vers 15 heures, à La Villette, un bus bondé jusqu’au centre d’hébergement et d’assistance aux personnes sans abri de Nanterre (Hauts-de-Seine). Le voyage peut durer une heure : « Mais on ne peut pas s’asseoir et on se fait agresser, toucher par des hommes », témoigne Pascaline. Sans compter que ce centre est l’un des lieux les plus redoutés des personnes sans abri : « Il n’y a pas de sécurité. Il y a des fous, des bagarres. Et le lendemain matin, à 8 h 30, le bus nous ramène à La Villette. »

« Créer des places d’accueil »

Le seul répit, pour Pascaline, est de se rendre au centre de jour La Halte Femmes, géré par l’association Aurore, situé près de la gare de Lyon, où elle peut petit-déjeuner, se laver, se reposer et se soigner.

« Ces femmes se rendent invisibles car la rue est beaucoup plus dangereuse pour elles que pour les hommes, observe Mme Laconde. Il faut créer des places d’accueil d’urgence pour elles, avec des bus qui leur sont réservés, et renforcer les maraudes pour aller à leur rencontre. »