Le ministre du Brexit britannique, David Davis, et le négociateur en chef du Brexit pour le compte de l’Union européenne (UE), Michel Barnier, vendredi 10 novembre, à Bruxelles. / EMMANUEL DUNAND / AFP

Michel Barnier, le négociateur en chef du Brexit pour le compte de l’Union européenne (UE), a annoncé d’emblée la couleur, vendredi 10 novembre. « Vous ne devez pas attendre de nous, aujourd’hui, d’annonces ou de décisions », a-t-il lancé aux journalistes à l’issue d’un sixième cycle de négociations avec les équipes britanniques, n’ayant manifestement pas réussi à faire bouger les lignes d’une négociation qui patine sérieusement.

Celle-ci bloque toujours essentiellement sur l’aspect financier du divorce : les engagements pris par le Royaume-Uni dans le cadre du budget de l’Union, mais aussi sa part du financement des retraites des fonctionnaires européens, etc.

En tout, les Vingt-Sept espèrent entre 40 milliards et 60 milliards d’euros de reversements de la part de Londres, même si ces montants n’ont jamais été confirmés officiellement jusqu’à présent. En partie pour éviter de mettre la première ministre britannique, Theresa May, dans une situation impossible, alors que les « brexiters » ont longtemps promis que la sortie du pays de l’UE ne devait rien lui coûter – voire au contraire, lui permettre d’économiser jusqu’à 350 millions de livres par semaine, assuraient-ils pendant la campagne référendaire.

« Les Britanniques ont longtemps sous-estimé l’unité des Européens »

En octobre, Mme May a mis une offre à 20 milliards d’euros sur la table. « Les Britanniques ont longtemps sous-estimé l’unité des Européens sur cette question. Aucun n’est prêt à céder », assure un diplomate européen proche des discussions.

Vendredi, M. Barnier a confirmé avoir donné deux semaines aux Britanniques pour revenir à Bruxelles avec une proposition plus conforme aux attentes des capitales européennes.

Il y a désormais urgence : Londres et Bruxelles espèrent trouver un terrain d’entente sur les principales questions posées en prélude au divorce – dont l’Irlande et le statut futur des expatriés – pour le Conseil européen des 14 et 15 décembre.

Dublin réclamerait toujours que Londres s’engage à éviter, après le Brexit, de recréer une frontière physique entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande. Concernant les expatriés, les questions de regroupement familial, de la compétence de la Cour de justice de l’Union européenne et d’accès aux droits sociaux ne sont toujours pas réglées.

Les milieux d’affaires de plus en plus fébriles

Londres a confirmé, jeudi 9 novembre, que le Brexit serait effectif le 29 mars 2019 à minuit, heure de Bruxelles. Les milieux d’affaires britanniques sont de plus en plus fébriles et ont clairement signifié à Mme May qu’ils avaient besoin de certitudes sur l’avenir de la relation commerciale entre le Royaume-Uni et l’UE. Mais, côté « continent », la pression des acteurs économiques monte aussi.

Si tout se passe bien, les Britanniques et les Vingt-Sept décideront au Conseil européen de la mi-décembre de passer à la deuxième phase des discussions, sur la future relation entre Londres et l’Union européenne. Et d’accorder à Londres, dans la foulée, une période de transition (a priori de deux ans à partir de la date de divorce), personne n’imaginant avoir réussi à conclure un futur accord commercial avant le 29 mars 2019.

Même si, depuis des semaines, on ne parle plus que de l’« exit bill » (la facture du divorce) à Bruxelles comme à Londres, c’est cette deuxième partie de la négociation qui sera vraiment cruciale pour l’avenir du continent.