Donald Trump à Danang, le 10 novembre. / Mark Schiefelbein / AP

Le vide stratégique créé par l’absence de doctrine cohérente en Asie de l’administration Trump est un motif d’inquiétude pour le Vietnam. La visite du président américain, qui participe vendredi 10 novembre au sommet régional de l’APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation) à Danang, avant de se rendre à Hanoï le lendemain, était donc attendue avec impatience par les Vietnamiens, qui se demandent s’ils peuvent encore compter sur le soutien de Washington face à la Chine.

Le Vietnam est le seul pays de la région à encore opposer une certaine résistance aux Chinois, Pékin étant désormais en mesure de dicter ses conditions aux pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean). Le Vietnam était pour Barack Obama un pays clé sur un échiquier régional consistant à faire pièce à l’« impérialisme » chinois.

« Ces dernières années, la situation internationale a changé de manière défavorable pour le Vietnam, remarque le chercheur Nguyen Thanh Trung, du Centre des études internationales, à Hanoï. La Chine se conduit de manière de plus en plus agressive en mer de Chine du Sud [où elle renforce ses positions sur des îles disputées] en même temps que de petis pays d’Asie du Sud-Est cèdent à son offensive de charme en raison de l’ampleur de ses investissements. »

Hanoï s’alarme de voir que les priorités de Washington se portent surtout vers la Chine, sur l’appui de laquelle les Américains comptent pour empêcher la Corée du Nord de se doter d’un arsenal nucléaire. « Novembre 2017 va-t-il marquer la date où les Etats-Unis vont céder le leadership de l’Asie Pacifique à la Chine, parce que Trump manque d’expérience, et de la capacité conceptuelle de penser une stratégie autre que celle fondée sur une vision purement transactionnelle [au sens commercial] ? », s’interroge le spécialiste du Vietnam, Carl Thayer.

L’annonce par M. Trump du retrait du Partenariat transpacifique (TPP), un projet de zone de libre-échange contournant la Chine, a été une très mauvaise nouvelle pour le Vietnam, les Etats-Unis étant pour lui le premier client à l’export. La visite en mai à Washington du premier ministre vietnamien Nguyen Xuan Phuc, premier dirigeant de la région à rencontrer M. Trump, a été une indication du souci vietnamien de conserver une relation de proximité avec l’ancien adversaire américain.