Le président libanais, Michel Aoun (à gauche), a rencontré vendredi 10 novembre le chargé d’affaires saoudien au Liban, Walid Al-Bukha , au palais présidentiel de Baabda, au Liban. / Dalati Nohra / AP

Le président libanais Michel Aoun a appelé, samedi 11 novembre, l’Arabie saoudite à « éclaircir les raisons » qui entravent le retour au Liban du premier ministre Saad Hariri. Sa démission choc a entraîné une nouvelle crise politique dans le pays. M. Hariri l’a annoncée le 4 novembre, depuis la capitale saoudienne Ryad.

En laissant son poste, le premier ministre avait dénoncé publiquement la « mainmise » de l’Iran et du mouvement chiite libanais du Hezbollah, membre de son gouvernement, sur les affaires intérieures de son pays. Il ne s’est pas exprimé depuis.

« Situation ambiguë »

M. Aoun n’a toujours pas accepté la démission de M. Hariri et attend son retour au Liban pour en discuter avec lui. « Toute position ou mesure qu’il a pu prendre ou qui lui sont imputées (...) sont le résultat de la situation ambiguë et trouble qu’il est en train de vivre en Arabie saoudite, et ne peuvent pas être prises en considération », a-t-il déclaré.

Le président libanais s’est par ailleurs entretenu samedi au téléphone avec son homologue français au sujet des « derniers développements » concernant M. Hariri, selon un communiqué de la présidence libanaise.

La veille, l’Elysée avait fait savoir que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane « a assuré ne pas vouloir faire la guerre au Hezbollah » et désirait « préserver la stabilité du Liban », lors d’une rencontre avec le président français. Paris estime que le premier ministre démissionnaire est libre de ses mouvements.

Le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson a de son côté mis en garde « toute partie, à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, qui utiliserait le Liban comme théâtre de conflits par procuration ».

« Dans cette période sensible, les Etats-Unis s’opposent à tout effort des milices libanaises ou des forces étrangères pour menacer la stabilité du Liban, déstabiliser ses institutions gouvernementales, ou utiliser le Liban comme base pour menacer d’autres pays de la région », ajoute le communiqué de l’exécutif américain.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a accusé l’Arabie saoudite de « détenir » M. Hariri, qui a la double nationalité, saoudienne et libanaise.