Lewis Hamilton lors de la conférence de presse organisée le 8 novembre à Sao Paulo (Brésil). « Dieu est amour », tatoué dans le cou... / PAULO WHITAKER / REUTERS

Le Britannique Lewis Hamilton sacré, dimanche 29 octobre, pour la quatrième fois champion du monde des pilotes de Formule 1 sur Mercedes, champion constructeur depuis Austin, la fin de la saison de Formule 1 s’annonçait monotone, ou du moins sans enjeu. Même si une forte identité jaune et verte imprimait ce week-end au fil des jours, avec l’annonce, coup sur coup, de la création d’une comédie musicale sur la vie du pilote brésilien iconique Ayrton Senna, et de la retraite, cette fois certaine, de son compatriote Felippe Massa.

C’était sans compter sur les Paradise papers, du nom des révélations du Consortium international des journalistes d’investigation sur des pratiques d’optimisation fiscale à l’échelle planétaire. Le champion britannique, considéré par la revue Forbes comme le 10e sportif le mieux payé au monde avec 46 millions de dollars de revenus en 2016, est cité. Il aurait utilisé une société-écran, sur l’île de Man, pour acheter un nouveau jet privé de plus de 18 millions d’euros, et ainsi économiser quelque 4 millions d’euros de TVA, selon Le Monde, un des grands médias qui a participé à l’enquête.

« Faute d’enjeu sportif, au Brésil, on ne va parler que de cela ! », prévoyait le 6 novembre un journaliste spécialisé en marge de la conférence de presse organisée à Boulogne pour le lancement de la billetterie du Grand Prix de France, qui se disputera en 2018. « On sait comment cela se passe. Un type, bien sous tout rapport, s’approche d’un pilote, jeune. Il lui propose un placement, promet qu’il s’occupera de tout, en assurant que c’est légal. »

« Soit c’est légal, soit cela ne l’est pas »

Des représentants du pilote ayant très rapidement affirmé à la presse britannique que toutes les opérations financières du coureur étaient légales, la déflagration ne vient pas de l’illégalité de l’achat, en 2012, par Lewis Hamilton de son vermillon jet, « grâce à un montage aux frontières de la légalité », comme l’écrit Le Monde daté 6 novembre. Contactée, la fédération internationale de l’Automobile n’a pas souhaité réagir officiellement. Selon les proches du dossier, cela ne regarde pas la FIA : « Soit c’est légal, soit cela ne l’est pas. Nous ne sommes pas des policiers, la FIA est là pour organiser des championnats de courses automobiles. Les jugements de valeur concernent les hommes, pas les institutions. »

Légal ? La justice tranchera. Mais pas « moral ». Ce qui peut faire mal au niveau de l’image, pourtant soignée, connectée et populaire du champion britannique. Ainsi ses sponsors ont jugé nécessaire d’organiser, le 8 novembre, une conférence de presse, où il est apparu souriant. Il a déclaré n’être « concentré » que sur le Grand Prix du Brésil de dimanche et non sur les « Paradise papers ».

« Je me suis assuré qu’on avait publié un communiqué et je n’ai pas grand-chose à ajouter », a répété le pilote Mercedes. « Le plus important c’est que je viens de passer de bons moments avec ma famille et mes amis [avec lesquels il a fêté le 4e titre qu’il est déjà assuré de remporter] et que j’ai cette énorme vague d’énergie positive que personne ne peut briser. »

« Ceci ne me détourne pas de mes valeurs fondamentales et de ce que je fais ici, et je suis uniquement concentré sur cette course que je veux essayer de gagner ce week-end (…) pour la deuxième fois en dix ans », a enchaîné le pilote automobile, après avoir recentré les débats sur les enjeux sportifs et notamment de sa rivalité avec le pilote allemand de Ferrari Sebastian Vettel, détenteur également de quatre titres de champion. « Sebastian vient de signer pour trois ans de plus » chez Ferrari, « et chez Mercedes, ça nous motive beaucoup d’essayer de lui compliquer la vie », a dit Hamilton en riant.

Hamilton Crashes Out of Qualifying | 2017 Brazil Grand Prix
Durée : 00:43

Hamilton dernier sur la grille

Derrière, la motivation est tout aussi forte. La place de dauphin n’est pas encore jouée. Favori, l’Allemand Sebastian Vettel (Ferrari) marque le pas depuis le Grand Prix de Singapour mi-septembre, avec notamment deux abandons. Outsider, le Finlandais Valtteri Bottas (Mercedes) n’est plus qu’à 15 points, sur les 50 points maximum qui restent à empocher. La bagarre s’annonce à haut risque puisque, comme souvent à cette période de l’année au Brésil, une météo dominicale tempétueuse est prévue sur Interlagos.

Au propre comme au figuré. Puisque dès samedi matin, Lewis Hamilton a dénoncé sur son compte twitter une attaque à main armée contre des membres de son équipe, dénonçant le manque de sécurité récurent sur ce circuit brésilien – des effractions similaires ont eu lieu en 2016. Deuxième coup de tonnerre samedi après-midi sur le circuit, avec la sortie de piste en pleine vitesse du premier pilote de Mercedes lors de la première séance des qualifications. Lewis Hamilton partira donc dernier sur la grille ce dimanche.