L’IAE de l’Université Savoie-Mont blanc / IAE Savoie via Campus

Même discrète et policée, la concurrence est vive entre les instituts d’administration des entreprises (IAE) et les écoles de management. Les premiers, rattachés aux universités, mettent en avant leur faible coût de scolarité, leur enseignement plus ouvert et leurs liens avec la recherche. Les secondes, privées, misent sur leur dimension internationale, sur leurs réseaux d’anciens et sur leurs « marques ». Mais la réalité est plus subtile.

IAE Lyon School of Management, IAE Aix-Marseille Graduate School of Management, Toulouse School of Management… Les plus grands IAE se sont rebaptisés pour être visibles à l’international, et les autres ont adjoint à leur acronyme le terme d’« Ecole universitaire de management ». La tendance à se donner une touche anglo-saxonne traduit bien la nouvelle préoccupation des IAE pour leurs « marques » et la volonté de ne pas se laisser « ringardiser » par leurs rivales.

Des IAE hétérogènes

Les deux catégories d’établissements reconnaissent volontiers les rapprochements qui se sont opérés entre eux, tout en revendiquant la persistance de deux modèles, public et privé, dans l’enseignement du management. « Dans les écoles, nous avons beaucoup progressé sur la recherche, longtemps un point faible, se félicite Loïck Roche, directeur de Grenoble Ecole de management (GEM) et vice-président de la ­Conférence des grandes écoles (CGE) en charge des écoles de management. A partir des années 1990, nous avons commencé à chercher des accréditations internationales. Comme c’est l’un des critères pour les obtenir, cela nous a poussés à renforcer notre recherche. »

Loïck Roche assure même que ce sont désormais les dix à quinze meilleures écoles qui tiennent le haut du pavé dans la recherche. Une assertion qui fait bondir Hervé Penan, le directeur de TSM : « Il suffit de citer les quatre unités mixtes de recherche CNRS qui existent en sciences de gestion : deux sont des labos de grandes écoles − HEC et Polytechnique −, les deux autres sont issues de l’université − Dauphine et nous ! La preuve que les IAE sont dans le haut de la recherche. »

« Le contact permanent avec l’université, ses chercheurs, ses philosophes, donne une ouverture à nos étudiants » selon Jérôme Rive, directeur de l’IAE de Lyon

En fait, les IAE comme les écoles sont hétérogènes. Les petits instituts, créés pour répondre à des besoins locaux, ne font guère de recherche. De même pour les écoles privées qui se sont multipliées, leur niveau est inégal. Loïck Roche souligne aussi les efforts des IAE pour combler leur retard : « Ils se sont considérablement rapprochés des entreprises, ce qui était une faiblesse des universités, et ils ont aussi progressé à l’international. Certains se mettent même à demander des accréditations. »

Chacun avance aussi ses atouts. « Le fait d’être enchâssés dans l’université, d’être en contact avec la recherche, avec des philosophes, des juristes, des linguistes… donne une ouverture à nos étudiants. Ils aiment titiller, réinterroger les pratiques managériales », souligne ­Jérôme Rive, directeur de l’IAE de Lyon et président du réseau IAE France, qui rassemble les 35 instituts.

Autre point fort : le coût modéré des études qui assure une diversité sociale et une variété des parcours. « Il suffit de regarder les voitures sur les parkings des IAE et des écoles pour voir la différence des publics », résume Virginie de Barnier, directrice de l’IAE d’Aix-Marseille. Les étudiants d’IAE paient les droits d’inscription universitaires, auxquels s’ajoutent parfois des modules payants de quelques centaines d’euros.

Une concurrence forte sur les formations initiales et la taxe d’apprentissage

A Aix-Marseille, les étudiants en master sont invités à s’inscrire en plus à un mastère spécialisé, très professionnalisant, à 4 000 euros l’année. « Pour le financement, nous proposons à ceux qui ne peuvent pas payer de suivre la formation en apprentissage, ce qui leur permet de ne rien débourser et de recevoir un salaire », explique ­Virginie de Barnier.

Dans tous les cas, on reste très loin des 14 000-15 000 euros annuels facturés en moyenne par les écoles. Celles-ci se prévalent d’un excellent « retour sur investissement », citant les salaires très corrects de leurs étudiants à la sortie rapportés au coût des études. En face, les IAE assurent ne pas avoir à rougir en termes d’insertion de leurs diplômés.

Sur le terrain, la concurrence est manifeste sur les formations initiales et plus encore dans les secteurs de la formation continue et de la taxe d’apprentissage, les deux postes qui rapportent le plus de ressources. Face aux écoles, les IAE disent souffrir de leur modeste service de communication. Loïck Roche de la CGE et ­Jérôme Rive du réseau des IAE prônent la coopération. Et tous de se féliciter que des enseignants, issus des deux modèles, collaborent de plus en plus dans des masters ou des programmes de recherche.

Participez au Salon des grandes écoles « Le Monde », samedi 11 et dimanche 12 novembre

Ecoles d’ingénieurs et de commerce, avec ou sans prépa, Sciences Po et les IEP, grandes écoles spécialisées et filières universitaires comme les IAE… Cent quatre-vingt-cinq établissements d’enseignement supérieur seront présents au Salon des grandes écoles du Monde, samedi 11 et dimanche 12 novembre, aux Docks (Paris 13e). Les lycéens de première, de terminale, les élèves de classes préparatoires, les étudiants bac + 2 et bac + 3 pourront y rencontrer des responsables de formations et des élèves des différents établissements.

Une vingtaine de conférences animées par des journalistes du Monde, ainsi que des séances de coaching sont également au programme. Ainsi, un chatbot surnommé « Arsene » facilitera cette année les inscriptions et permettra de poser des questions pendant l’événement.

Entrée libre, informations et préinscription (recommandée) sur www.salon-grandes-ecoles.com