Eliane Viennot est professeure de littérature française de la Renaissance à l’université Jean-Monnet, à Saint-Etienne. / Olivier Roller. Divergence

La professeure Eliane Viennot, déjà auteure du manifeste Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ! en 2014, dénonce « l’incompétence » de l’Académie Française, farouchement opposée à l’écriture inclusive.

Grammairienne

« Que les hommes et les femmes soient belles. » Ainsi devrait-on écrire si l’on se conformait à la règle de proximité, plutôt qu’à celle du « masculin l’emporte sur le féminin ». C’est l’objectif de la pétition lancée par Eliane Viennot, professeure émérite de la littérature française à l’université Jean-Monnet, à Saint-Étienne. Au 7 novembre, elle avait été signée par 314 enseignants et plusieurs personnalités (Yvette Roudy, Laurence Rossignol, Marie Darrieussecq, Hélène Cixous…).

Ecrivaine

En 2014 déjà, Eliane Viennot publie Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ! L’ouvrage fait peu de bruit, mais provoque l’intérêt des enseignants. L’universitaire enchaîne les conférences sur ce thème et mesure l’importance du sujet pour les profs : « L’idée du manifeste a émergé précisément pour ne pas les laisser seuls, face à leur hiérarchie ou aux parents d’élèves qui protesteraient. »

Anti-académie

Devenue « Mme écriture inclusive » dans les médias, elle se réjouit que le débat soit enfin ouvert. Dans Libération, elle a appelé à « débrancher l’Académie française » qui, en se prononçant contre l’écriture inclusive, a fait « une nouvelle fois la preuve de sa flagornerie, de sa détermination à contrecarrer la marche vers l’égalité, et surtout de son incompétence ».

Rebelle

Déjà, pendant ses études de lettres, elle ne supportait plus d’entendre « directeur de thèse » pour « directrice ». On est alors au milieu des années 1980. Spécialiste de l’Ancien Régime, elle n’arrête pas de tomber sur des textes pleins de philosophesses, de poétesses, d’autrices et de peintresses. « La discussion était aigre à l’époque. L’Académie prétendait que des mots comme poétesse constituaient des néologismes. »

Militante

En 1973, étudiante à Clignancourt, elle rejoint le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC). Ça la bouleverse tant qu’elle laisse tomber l’université pour militer. Pendant quelques années, elle tient avec d’autres femmes une librairie féministe dans le 11e arrondissement de Paris. Elle reprend ensuite ses études.