Violette, 22 ans, témoigne de ses années de fac et de service civique. / La ZEP par Campus

Voix d’orientation. Le Monde Campus et la ZEP, média jeune et participatif, s’associent pour faire témoigner lycéens et étudiants de leurs parcours d’orientation. Cette semaine, Violette, 22 ans, volontaire en service civique, qui vit au Mans.

Je viens d’une famille modeste. J’ai une sœur plus âgée que moi de quatre ans. Elle est belle, intelligente. Elle a eu son bac, validé sa licence en psychologie et brillamment obtenu son master. Elle a 25 ans. Moi, j’ai mon bac. Voilà.

J’ai toujours été une très bonne élève, petite fille modèle qui suit les pas de sa sœur. Enfant discrète et très sérieuse qui ne se fait jamais remarquer. Chez moi, il ne fallait pas sortir des clous sinon : « Qu’est-ce que les gens auraient pensé ? ! »

Au collège : toujours dans les premières de ma classe. Au lycée : même punition. J’ai obtenu mon bac sans aucun souci. D’ailleurs, le jour des résultats, toute ma famille était chez moi pour me féliciter et fêter ça autour d’un bon repas, alors même que les notes n’étaient pas encore tombées. Parfois, je me demande ce qui se serait passé si je ne l’avais pas eu…

Les problèmes ont commencé après. Venant d’un bac STG [sciences et technologies de la gestion], j’ai fait ma rentrée à l’université, en droit.

Aller jusqu’au bout

Première année de fac : toute ma famille proche était si fière de me voir suivre cette orientation ! Moi, c’était autre chose… Je suis passée d’une classe de 30 personnes à un amphithéâtre de 300, d’une relation sympathique avec les profs à une relation… Non, à aucune relation du tout, en fait ! Les profs à la fac n’en ont rien à faire de toi.

J’ai commencé mon année malgré tout assez motivée. Je suis quelqu’un de déterminée et quand je commence quelque chose, c’est un principe d’aller jusqu’au bout. Au final, plus les mois passaient, plus je m’enfonçais.

Je bossais comme une dingue et les résultats ne suivaient pas. C’était la première fois de ma vie que j’échouais. Devant ma famille, je donnais le change. Je disais que c’était très dur, que j’avais des difficultés, mais je minimisais. Tous m’imaginaient déjà portant la robe de l’avocat… alors que moi, je sombrais en silence. Je n’avais pas le droit de faire de vagues, ça ne se fait pas chez moi.

Comment expliquer à tes parents qui t’ont toujours vu réussir et qui te voient déjà au sommet, que là tu n’y arrives pas ? Que là tu es au plus bas. Que tu passes tes soirées et tout ton temps libre sur tes cours pour obtenir au mieux un 8 sur 20. Comment leur dire tout ça ! ? Comment faire quand tu vas chez tes grands-parents et que ton grand-père te regarde, les larmes aux yeux, en te disant à quel point il est fier de toi… Alors qu’en réalité, tu vis un cauchemar chaque jour ?

Honte

Même si j’ai aimé ce que j’ai appris en droit, la fac a été pour moi une réelle souffrance. Ça a été l’escalade… La confiance en moi (déjà pas bien haute à la base), mon estime de moi, ma détermination, tout en a pris un grand coup. Je ne connaissais jusque-là pas l’échec. J’avais tellement honte.

Et un jour, j’en ai eu assez. Je ne pouvais pas continuer comme ça. Je savais que ça ne me menait nulle part. Je restais pour ne pas décevoir mes proches, parce que j’avais honte de dire : « Je n’y arrive pas, j’arrête. »

Mais je me détruisais petit à petit. Mon visage s’était totalement fermé, je ne souriais plus, je ne savais plus comment faire d’ailleurs. Alors, un jour j’ai osé. Je suis allée un soir chez mes parents et je leur ai dit. Nous étions dans la cuisine et c’est sorti : « J’arrête. » Non, je ne deviendrai pas avocate.

Depuis, je suis en service civique le temps de retrouver mon chemin. Et je n’ai jamais été aussi épanouie dans mon travail qu’aujourd’hui. Quelle joie de se lever le matin et d’être heureuse d’aller travailler ! Je suis sereine et j’apprends à reprendre confiance en moi et en mon travail. La suite ? On verra bien…

La ZEP / Le Monde