Un supermarché à Nantes, le 20 octobre. / LOIC VENANCE / AFP

Pas question de casser la dynamique des Etats généraux de l’alimentation voulus par le président Emmanuel Macron. Tous les acteurs de la filière agroalimentaire se sont donc donnés rendez-vous, mardi 14 novembre, pour signer une charte d’engagement. Après de multiples réécritures, le texte devenu consensuel a été adopté.

Le temps pressait car cette charte doit encadrer les négociations commerciales entre industriels et distribution qui comme chaque année ont débuté le 1er novembre. Cette fois, l’esprit des Etats généraux de l’alimentation dont le premier chantier achevé fin septembre portait sur la création et la meilleure répartition de la valeur dans la filière agroalimentaire, devait souffler sur les discussions souvent âpres. D’autant que M. Macron a annoncé le 11 octobre, qu’il ne souhaitait légiférer sur ces questions, qu’au premier semestre 2018.

Le feu vert a été donné par Michel Edouard Leclerc qui a annoncé dimanche son intention d’apposer sa signature aux côtés de celles des syndicats agricoles, des représentants de l’industrie agroalimentaire, de la distribution et de la coopération agricole. Le texte, qui met en avant « le constat partagé des effets négatifs des dérives de la guerre des prix » est un engagement a minima. Les signataires se disent prêts à « promouvoir une contractualisation fondée sur la construction des prix à partir de l’amont ». Une construction qui doit prendre en compte « les coûts de production des produits agricoles », mais aussi « la volatilité des marchés agricoles » tout en « assurant la répercussion à chaque maillon de la filière de la fluctuation dûment constatée des prix des produits bruts ».

« Une meilleure transparence »

Sur le sujet du seuil de revente à perte, un sujet très polémique, qui opposait M. Leclerc et les autres enseignes soutenues par l’industrie agroalimentaire et la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), rien n’est précisé. M. Leclerc souhaitait un statu quo face aux tenants d’une revalorisation de 10 % à 15 % du seuil de revente à perte, c’est à dire du prix en dessous duquel un distributeur a l’interdiction de vendre son produit. La charte se contente de demander de « respecter strictement le cadre législatif et réglementaire en vigueur et à venir, notamment en matière de seuil de revente à perte et de promotions ».

La charte incite les acteurs à travailler plus activement au sein des interprofessions et demande aux producteurs de se regrouper au sein d’organisations structurées. Elle prévoit également la mise en place de comités de liaison entre les interprofessions et les associations de consommateurs pour favoriser les échanges. Les signataires s’engagent enfin à veiller « à la loyauté des relations, via notamment une meilleure transparence, un climat de respect mutuel entre les négociateurs ». L’avenir très proche dira si cet engagement restera au niveau des bonnes intentions. La récente crise du beurre a prouvé que les tensions dans la filière laitière étaient toujours aussi fortes et que la transparence n’était guère au rendez-vous.