Denise Coates, la patronne de Bet365, une entreprise de jeux d’argent en ligne, en mai 2012, à Londres. / POOL New / REUTERS

Les Britanniques n’ont jamais entendu parler d’elle. Denise Coates fuit la publicité. Elle n’a accordé qu’une poignée d’interviews à la presse, et elle vit discrètement à Stoke-on-Trent, une ville du nord de l’Angleterre. Le salaire de la patronne et principale actionnaire de Bet365, une entreprise de jeux d’argent en ligne, en fait pourtant la personne la mieux payée du Royaume-Uni. D’après les comptes de son entreprise, publiés discrètement au registre du commerce britannique, jeudi 9 novembre, elle s’est versé très précisément 199 305 000 livres sterling entre avril 2016 et mars 2017. Disons 200 millions pour un compte rond. A ce niveau-là, on ne compte plus. C’est près de 223 millions d’euros.

De quoi rendre jaloux Martin Sorrell, le patron le mieux payé des entreprises du FTSE 100, l’indice des principales valeurs boursières britanniques, qui fait figure de petit joueur, avec 48 millions de livres empochés l’an dernier. La rémunération de Mme Coates correspond à 76 000 euros de l’heure, en estimant généreusement qu’elle travaille soixante heures par semaine et ne prend que quatre semaines de vacances par an. Ou, autre unité de mesure, c’est l’équivalent de 10 000 salaires minimaux.

Débuts difficiles

L’histoire de cette entrepreneure est celle d’un rare succès dans une ville dévastée par la désindustrialisation. Quand Stoke-on-Trent a subi la fermeture des mines, puis des poteries à la renommée internationale, le père de Mme Coates a investi dans quelques magasins de pari. Après des études d’économétrie à l’université de Sheffield, sa fille décide de lancer l’entreprise familiale sur Internet et hypothèque les magasins pour financer l’achat de la marque Bet365 à la fin des années 1990.

L’explosion de la bulle Internet, en 2000, et les débits encore lents des connexions rendent les débuts difficiles. Contrairement à ses concurrents, l’entreprise développe son propre logiciel de pari, ce qui augmente ses coûts. Mais, aujourd’hui, Mme Coates a imposé son entreprise au sommet des bookmakers britanniques. Bet365 et ses près de 4 000 employés attirent des mises de 44 milliards de livres sterling par an. De quoi dégager un chiffre d’affaires de 2,1 milliards de livres sterling et un bénéfice net avant impôts de 524 millions de livres l’année dernière.

L’entreprise reste aujourd’hui un empire familial. Sur les quatre membres du conseil d’administration, trois sont de la famille : Denise, donc, John, son frère, et leur père, Peter. La famille est devenue incontournable à Stoke-on-Trent. Bet365 possède notamment le club de football de Stoke City, actuellement 14e en Premier League, la division la plus élevée d’Angleterre. Les salaires de l’ensemble des joueurs l’an dernier s’élevaient à 94,2 millions de livres. Même pas la moitié de la rémunération de Mme Coates. Le football, ça ne paie plus…