Benjamin Pavard, aux côtés de Laurent Koscielny, à Clairefontaine le 13 novembre. / MARTIN MEISSMER / AP

Corentin Tolisso, Kingsley Coman et Benjamin Pavard évoluent en terrain connu, mardi 14 novembre, au RheinEnergieStadion de Cologne. Pensionnaires de la Bundesliga, les trois joueurs de l’équipe de France y défient la Nationalmannschaft, championne du monde en titre, en match préparatoire à la Coupe du monde 2018, organisée en Russie. Sous les feux de la rampe depuis le début de la saison, le trio incarne l’attrait qu’exerce le championnat allemand auprès de la jeune génération tricolore.

Alors que l’Italie, l’Angleterre ou l’Espagne recueillent davantage les faveurs des expatriés français, la Bundesliga a souvent attiré des joueurs confirmés, voire en fin de parcours – Jean-Pierre Papin, Johan Micoud, Valérien Ismaël, Bixente Lizarazu, Fabrice Ehret, pour ne citer qu’eux. Les longs règnes au Bayern Munich de Franck Ribéry (depuis 2007) et de Willy Sagnol (2000-2009), démis en octobre de ses fonctions d’entraîneur intérimaire du club bavarois, font office d’exceptions.

Depuis plusieurs saisons, le championnat allemand est devenu la terre d’accueil privilégiée des jeunes talents de l’Hexagone. A 23 ans, Corentin Tolisso doit actuellement justifier les 41,5 millions d’euros investis cet été par le Bayern Munich pour l’arracher à l’Olympique lyonnais, soit le transfert le plus élevé en Bundesliga. L’international français a retrouvé en Bavière son compatriote Kingsley Coman, 21 ans, qui enchaîne sa troisième saison outre-Rhin. Formé au Paris Saint-Germain, acheté 21 millions d’euros à la Juventus Turin, ce dernier brille depuis le retour sur le banc du Bayern du vétéran (72 ans) Jupp Heynckes.

Le choix payant

Quant à Benjamin Pavard, 21 ans, son choix de rejoindre en 2016 Stuttgart, alors relégué en deuxième division allemande, s’est révélé payant. L’arrière, formé à Lille, a participé à la remontée immédiate du VfB, le club de Stuttgart, en Bundesliga, et retenu l’attention de Didier Deschamps, qui lui a offert sa première sélection avec les Bleus, vendredi 10 novembre, lors du match amical (2-0) face au pays de Galles.

Outre le cas Ousmane Dembélé, auteur d’une saison convaincante (2016-2017) au Borussia Dortmund cet été contre une somme record (105 millions d’euros fixes + 40 millions de bonus) au FC Barcelone, d’autres Français s’illustrent sur les pelouses allemandes. Passé par l’académie du PSG, l’arrière Dan-Axel Zagadou, 18 ans, est sur le devant de la scène depuis qu’il a posé ses valises à Dortmund. Au Borussia, le solide défenseur latéral d’un mètre 96 s’affirme chaque week-end en Bundesliga.

Tête de Dayot Upamecano, le 25 octobre lors du match Leipzig-Bayern Munich. / MICHAELA REHLE / REUTERS

La trajectoire de Dayot Upamecano, 19 ans, est similaire. Pisté par les grands clubs européens, l’ex-défenseur valenciennois brille depuis son arrivée, en janvier, au RB Leipzig. Son compatriote Abdou Diallo, 21 ans, a également su rebondir en Bundesliga. Cet exil outre-Rhin est ainsi profitable à l’ex-joueur de Monaco, victime de la concurrence sur le Rocher et transféré cet été, pour 5 millions d’euros, à Mayence. De son côté, le milieu Mickaël Cuisance, âgé de 18 ans et passé par Nancy, est en lévitation depuis son arrivée à Mönchengladbach.

Ces éclosions camouflent les performances de l’ex-Parisien Jean-Kévin Augustin, recruté cet été par Leipzig (contre 13 millions d’euros + 2 millions de bonus) ; de Sébastien Haller, enrôlé par l’Eintracht Francfort ; et du Franco-Marocain Amin Harit, acheté par Schalke 04. Il faut aussi noter la présence en Bundesliga de Paul-Georges Ntep, Josuha Guilavogui (Wolfsburg), Timothée Kolodziejczak et Mamadou Doucouré (Mönchengladbach), Jérôme Onguéné (Stuttgart), Sehrou Guirassy (Cologne), Simon Falette (Francfort), Gaëtan Bussmann (Mayence), Benjamin Stambouli (Schalke 04) et Jonathan Schmid (Augsbourg).

« Des stades pleins »

Pour Jean-Claude Lafargue, directeur de l’Institut national du football (INF) de Clairefontaine, l’exode massif de jeunes joueurs français vers la Bundesliga s’explique, « outre l’aspect financier », par la « culture sportive en Allemagne ». Le patron du temple de la préformation à la française pointe la « qualité du jeu », « l’engouement populaire pour le football », « des stades pleins », et une culture du supportérisme profondément ancrée. « C’est le pays champion du monde de football et ses équipes sont très compétitives sur le plan européen [l’Allemagne est actuellement quatrième à l’indice UEFA] », ajoute le technicien.

« Il y a une volonté nationale, fédérale depuis plusieurs années, de favoriser l’éclosion des jeunes. En Allemagne, les jeunes joueurs sont très épanouis dans les groupes pros malgré leur âge, confie Abdou Diallo, dans les colonnes de L’Equipe. Ils ne te perçoivent pas comme un jeune. » Un argument qui ne peut qu’encourager les talents de l’Hexagone à passer le Rhin.