C’est la simplicité de l’opération qui marque. Il suffit de présenter son visage à l’iPhone X, sans même l’aligner précisément, pour qu’il se déverrouille. On n’a plus qu’à faire glisser son doigt sur l’écran pour faire apparaître la page d’accueil du smartphone et ses applications.

La manœuvre demande moins d’adresse et de concentration que le déverrouillage par empreinte digitale ou par code. Beaucoup d’utilisateurs sentiront comme une barrière tomber.

Moins frustrant

De temps en temps, hélas, le cadenas reste verrouillé. Si Face ID ne distingue pas bien le visage, c’est souvent en raison d’un bâillement intempestif, d’une mâchoire qui mastique, voire d’un cache-nez qui masque les lèvres de l’utilisateur. Certains éclairages peuvent également perturber la reconnaissance faciale : un soleil trop vif ou des néons puissants. Il suffit alors de rapprocher l’iPhone du visage pour qu’il se déverrouille.

Les petits échecs de la reconnaissance faciale d’Apple sont plutôt moins pénibles à résoudre que ceux du lecteur d’empreintes digitales qui équipait les iPhone depuis 2013, Touch ID. Gras ou humides, les doigts de l’utilisateur perdaient le pouvoir de réveiller l’iPhone. Si le bouton de Touch ID s’encrassait, il fallait le laver en le frottant énergiquement avec un tissu. Et lorsqu’on se coupait légèrement le doigt, le déverrouillage cessait complètement de fonctionner.

Avec la reconnaissance faciale, les refus complets sont extrêmement rares. Face ID reconnaît le visage de son propriétaire même dans le noir total, même quand il porte des lunettes. Sur quinze paires de lunettes testées, une seule, un modèle solaire, a posé problème. Le maquillage et les changements de coiffure perturbent très rarement Face ID. Un maquilleur professionnel en a fait l’amusante démonstration :

Pour que Face ID refuse totalement le déverrouillage, il faut une petite révolution capillaire. Lorsqu’on rase une barbe de dix jours, il est rare que Face ID ouvre le verrou. Il suffit alors de rentrer le code à 6 chiffres de l’iPhone pour déverrouiller le mobile. Touch ID apprend de ses erreurs : il observe et retient les modifications du visage.

Pas très rapide

En utilisant Face ID, la plupart des utilisateurs ressentiront une sensation de quiétude et de transparence. Mais certains vivront une expérience moins agréable. Les utilisateurs les plus pressés et les plus adroits ont appris à déverrouiller leur mobile par empreinte digitale à toute vitesse. Ils trouveront Face ID un peu lent.

Face ID est frustrant pour les professionnels qui ont pris l’habitude de consulter leur mobile discrètement en réunion ou en tête à tête. La reconnaissance faciale impose souvent de prendre le mobile en main pour le placer plus près de l’axe du visage. Une manipulation guère discrète.

Plutôt sûr

Qu’en est-il de la sécurité ? Il est un peu tôt pour répondre à cette question. Les experts du monde entier n’ont pas terminé de faire subir l’épreuve du feu à la reconnaissance faciale d’Apple. Mais on peut déjà assurer que Face ID est incomparablement plus sûr que la reconnaissance faciale de Samsung, qu’on peut prendre en défaut avec une simple photo de l’utilisateur.

Face ID est basé sur la technologie du Kinect, un périphérique pour consoles Microsoft lancé en 2010. Un projecteur de lumière infrarouge, logé au-dessus de l’écran, envoie des milliers de points lumineux vers le visage. Un capteur infrarouge lit la forme dessinée par ces points sur le visage pour dresser une cartographie des reliefs faciaux. L’information est comparée avec un modèle mathématique du visage, stocké dans une mémoire chiffrée au sein du mobile.

Voic comment Face ID voit le visage de son propriétaire. Cette capture d’écran provient de l’outil Face Mesh, fourni aux développeurs dans le MeasureKit d’Apple. / Cultofmac.com

Impossible de déverrouiller le smartphone en le présentant devant le visage de son propriétaire assoupi. Ses yeux doivent être ouverts pour que Face ID fonctionne. Impossible de tromper ce système avec une photo. Deux médias américains ont collaboré avec des professionnels du cinéma pour créer des masques du visage du propriétaire en trois dimensions. Malgré les efforts déployés par Wired et le Wall Street Journal, Face ID ne s’est pas laissé tromper.

Néanmoins, une entreprise de sécurité vietnamienne aurait réussi à déverrouiller Face ID avec un masque du visage imprimé en 3D, sur lequel des photos du nez, des yeux, et de la bouche ont été collées. Un travail qui a demandé plusieurs jours d’expérimentation. Sous réserve de confirmation de ce test, Face ID ne serait donc pas inviolable. Mais les efforts à déployer pour le tromper sont très dissuasifs.

Le masque de la société Bkav serait parvenu à tromper Face ID. / KHAM / REUTERS

Regretté Touch ID

Les professionnels qui travaillent dans des secteurs sensibles peuvent-ils se contenter de ce niveau de sécurité ? Ils regretteront sans doute qu’Apple ait retiré le lecteur d’empreintes digitales de l’iPhone X, car la combinaison de Touch ID et Face ID aurait apporté un niveau de sécurité inédit. En outre, la présence de Touch ID aurait satisfait la petite minorité d’utilisateurs qui trouveront Face ID trop lent, et permis aux professionnels de déverrouiller leur mobile plus discrètement en réunion.

Mais selon Dan Riccio, directeur de l’ingénierie chez Apple, la conception de l’iPhone X a été menée à une vitesse exceptionnellement rapide. Dans un entretien à Mashable, Dan Riccio a ajouté : « Nous n’avons pas pris le temps [d’essayer d’intégrer] un lecteur d’empreintes au dos [du mobile], ou à travers l’écran, ou sur le côté. » Espérons donc que le successeur de l’iPhone X réintégrera le lecteur d’empreintes.