Depuis l’élection présidentielle américaine, quasiment toutes les élections qui se sont déroulées dans des pays occidentaux ont connu leur lot de faux comptes plus ou moins automatisés sur les réseaux sociaux, attribués à la Russie. Tour d’horizon des principaux scrutins de l’année écoulée.

Etats-Unis. C’est, de loin, le pays où les tentatives d’influence russe ont été les plus abouties et les plus marquées, d’après les informations communiquées aux commissions d’enquête parlementaire américaines par Twitter, Google et Facebook. Twitter estime que plus de 30 000 comptes russes ou pro-russes ont été actifs durant la fin de la campagne présidentielle de 2016 – la plupart ont depuis été désactivés. Ces comptes ont, toujours selon Twitter, publié 1,4 million de messages, affichés 288 millions de fois, selon des chiffres communiqués au Sénat.

Sur Facebook, les chiffres sont plus réduits en valeur absolue, mais la technique de diffusion était, semble-t-il, mieux rôdée. Le premier réseau social au monde a identifié 80 000 messages, sur une durée de deux ans, qui ont été vus par 126 millions de personnes. Le réseau social a également identifié environ 3 000 publicités, payées en roubles par une agence proche du Kremlin, qui ont été vues par 11,4 millions de personnes. Une opération bon marché : le budget de ces publicités est estimé à environ 100 000 dollars.

Les messages et les publicités identifiés par Facebok ne concernaient pas tous directement l’élection présidentielle. Si une part importante d’entre eux critiquaient Hillary Clinton, et si certains soutenaient Donald Trump, la majorité des tweets et posts Facebook concernés contenaient surtout des messages provocants sur des sujets de société clivants, comme l’accueil des réfugiés, l’islam ou les droits des personnes LGBTQ.

Royaume-Uni. La situation lors de la campagne du Brexit a été sensiblement différente. Sur Twitter, une étude menée par des chercheurs de l’Université de Californie montre qu’un réseau de 150 000 comptes russes et pro-Poutine se sont mis à publier de nombreux messages dans les deux jours précédant le référendum – 39 000 pour la seule journée du 24 juin. La plupart de ces comptes sont en grande partie ou totalement automatisés, estiment les chercheurs.

Aucun chiffre n’a pour l’instant été communiqué ni par Twitter ni par Facebook, mais la commission parlementaire britannique qui étudie les tentatives d’influence russes dit avoir transmis des demandes détaillées aux deux réseaux sociaux. Facebook a simplement affirmé de son côté qu’il n’avait pas, à ce stade, découvert l’existence de campagnes publicitaires russes sur sa plate-forme – sans dire si l’entreprise avait ou non découvert un grand nombre de faux comptes de propagande.

De manière étonnante, les messages Twitter publiés par les comptes russes ne soutenaient pas tous le Brexit. Une partie d’entre eux soutenaient le « remain », laissant entendre que le but de ces manœuvres était surtout d’accroître les divisions politiques au sein du Royaume-Uni.

Catalogne. Madrid a annoncé cette semaine avoir transmis des protestations formelles à Moscou, et accuse la Russie – et le Venezuela – d’avoir mené une campagne d’influence sur les réseaux sociaux pour soutenir les partis indépendantistes catalans. Le ministre des affaires étrangères espagnol, Alfonso Dastis, a affirmé détenir des preuves de l’existence de cette campagne, sans préciser lesquelles ni donner d’estimations de son ampleur. Il a expliqué que le gouvernement espagnol avait repéré un grand nombre de faux comptes sur plusieurs réseaux sociaux, liés pour la moitié à la Russie et pour 30 % d’entre eux au Venezuela, qui relayaient des messages favorables à l’indépendance catalane dans les semaines qui ont précédé le référendum du 1er octobre.

France. Facebook a annoncé, en avril, avoir supprimé environ 30 000 comptes qui diffusaient de fausses informations de nature politique – mais sans préciser si ces comptes étaient tous ou en partie liés à la Russie. Sur Twitter, la publication de courriels issus de l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron deux jours avant le vote a été abondamment relayée dans un premier temps par l’extrême droite américaine, avant que ceux-ci soient également diffusés par WikiLeaks puis des comptes pro-russes.

Allemagne. C’est une exception dans le paysage des élections récentes. En Allemagne, où les services de renseignement ont mis en garde durant les mois précédent les élections législatives de septembre contre de potentielles tentatives d’influence russe, aucune tentative d’ampleur n’a été constatée sur les réseaux sociaux, de l’avis de tous les experts comme du gouvernement. Et ce malgré plusieurs signaux – tentatives de piratages visant les députés, enregistrement de noms de domaine semblant destinés à accueillir des documents piratés. Mais aucun contenu n’est jamais apparu sur ces sites.