Le co-leader du parti écologiste allemand Cem Ozdemir, et Angela Merkel lors de leurs négociations à Berlin, le 16 novembre. / ODD ANDERSEN / AFP

Les efforts menés par la chancelière allemande Angela Merkel pour mettre sur pied une coalition gouvernementale composée du bloc conservateur qu’elle dirige, des libéraux et des écologistes semblaient au point mort jeudi 16 novembre en fin de soirée. Certains participants aux négociations ont souligné que les divergences entre les trois formations sur les finances, le climat et l’immigration étaient toujours susceptibles de faire capoter les pourparlers.

Mme Merkel, 63 ans, qui espère parvenir à un accord lui assurant un quatrième mandat de quatre ans à la tête du pays, avait émis le vœu de voir les « discussions exploratoires » lancées le mois dernier se terminer dans la journée ou dans la nuit, afin de pouvoir enfin ouvrir des négociations officielles. La chancelière avait reconnu plus tôt dans la journée de jeudi que la tâche était difficile, tout en se disant optimiste.

Mais l’ambiance s’est détériorée au cours de la journée, les partis interrompant les pourparlers de groupe et se retirant pour tenir conseil chacun de leur côté.

« Coalition Jamaïque »

Un responsable des libéraux du FDP Alexander Lambsdorff a évoqué dans un message sur Twitter des « mines graves » tandis que le vice-chef de file du parti Wolfgang Kubicki a laissé entendre qu’une prolongation des discussions exploratoires était peut-être nécessaire.

Des membres du parti conservateur CDU ont reconnu le mauvais déroulement des pourparlers. Les Verts et la CSU – la branche bavaroise de la CDU – se sont même mutuellement accusés de bloquer toute possibilité d’accord.

L’alliance envisagée, qui n’a jamais été expérimentée au niveau fédéral, est surnommée « coalition Jamaïque » en raison des couleurs du drapeau jamaïcain : noir pour la CDU-CSU, jaune pour le FDP, vert pour les Grünen.

Si aucun accord n’est trouvé, de nouvelles élections ne sont pas à exclure, un scénario qu’aucune des trois formations ne souhaite, de crainte de voir une nouvelle progression du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui a fait son entrée en septembre au Bundestag. Une telle éventualité est, en outre, susceptible de peser lourdement sur l’euro.

Jouer l’usure

La chancelière est sous pression de son propre parti conservateur, notamment de la CSU, de ne pas faire de compromis trop importants, en particulier sur l’immigration, pour arriver à un accord de coalition. « Je ne sais pas si nous pouvons régler toutes nos divergences, tous nos désaccords », a confié Joachim Herrmann, un responsable de cette formation.

Mme Merkel est réputée pour ses talents de négociatrice, notamment dans les instances européennes, où elle joue souvent sur l’usure de ses partenaires. Elle doit maintenant appliquer sa recette au niveau national.

Les sociaux-démocrates du SPD, deuxième formation du Bundestag et qui avaient formé une « grande coalition » avec les conservateurs lors de la précédente législature, ont cette fois décidé de se « refaire des forces » dans l’opposition, après avoir enregistré le 24 septembre leur pire résultat de l’après-guerre, avec seulement 20,5 % des voix.

En cas d’échec vendredi matin, nombreux sont ceux qui sont prêts à jeter l’éponge. « Si on n’arrive pas à se mettre d’accord après trois semaines de discussions, alors trois jours de plus ne changeront rien », a ainsi estimé Annegret Kramp-Karrenbauer, ministre-présidente CDU de la Sarre.