Lors des manifestations de soutien à l’opposition, le 17 novembre, à Nairobi. / YASUYOSHI CHIBA / AFP

Nairobi a replongé dans le chaos vendredi 17 novembre. Au moins trois personnes ont été tuées par balle lors d’une manifestation de l’opposition. Le rassemblement, interdit par les autorités, a été violemment réprimé par la police.

Des milliers de manifestants étaient descendus vendredi dans les rues de la capitale kényane pour saluer le retour du leader de l’opposition, Raila Odinga. Ce dernier rentrait d’un séjour de dix jours aux Etats-Unis pour tenter d’y rallier des soutiens, tout en dénonçant la passivité des Occidentaux à l’égard du processus électoral.

Défiant les autorités, qui avaient interdit toute manifestation, les partisans de la coalition d’opposition Nasa se sont d’abord rassemblés aux abords de l’aéroport international Jomo Kenyatta pour y fêter le retour de M. Odinga.

La police, qui est intervenue pour disperser le cortège à l’aide de gaz lacrymogène et de canons à eau, a été dépassée par les manifestants qui lui lançaient des pierres. Les policiers ont ensuite commencé à tirer à hauteur d’homme, selon les images des télévisions kényanes. Les mêmes scènes se sont répétées pendant deux à trois heures.

Ce qui n’a pas empêché Raila Odinga de s’adresser à la foule. « Aujourd’hui est le jour où nous lançons la troisième République au Kenya », a t-il déclaré en référence à l’indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne en 1963 et à la nouvelle Constitution adoptée en 2010.

Multiples rebondissements

Les résultats de l’élection présidentielle, le 26 octobre, qui a vu le président sortant Uhuru Kenyatta réélu (à 98 % des voix) à la suite d’un scrutin contesté et boycotté par l’opposition, sont toujours au cœur des tensions. L’opposition, regroupée dans la coalition Nasa, demande l’organisation d’une nouvelle élection.

Depuis plusieurs mois, le Kenya est plongé dans un feuilleton politique sans précédent. Le 8 août, la Cour suprême avait annulé le résultat d’une première élection présidentielle, qui donnait M. Kenyatta vainqueur. Ce qui avait amené le pays à voter une nouvelle fois le 26 octobre. Depuis, le pays reste suspendu à une nouvelle décision de la Cour suprême, qui doit s’exprimer lundi 20 novembre sur la validité de l’élection du 26 octobre.