En 2015, le premier Star Wars : Battlefront avait laissé les joueurs sur leur faim. En cause : un mode multijoueur rachitique, mais surtout, une absence de campagne à parcourir en solitaire. Résultat : on en ressortait avec l’impression d’avoir survolé l’univers plutôt que de s’y être plongé.

Commençons donc par évacuer la principale nouveauté de Star Wars : Battlefront II, jeu monumental sorti vendredi 17 novembre, et navire amiral d’une campagne de communication annonçant la sortie, le 13 décembre, du prochain film de la saga dans les salles. La campagne de Battlefront II entreprend de boucher le trou narratif béant que constitue l’ellipse entre les épisodes VI et VII de la saga, et raconte en particulier l’agonie de l’Empire, privé de son leader après la fin du Retour du Jedi.

Tout le long de l’aventure, on va donc découvrir comment Luke, Leia, Han et Lando occupent leur temps après la mort de Dark Vador, ou encore comment les champs de ruines aperçus dans Le Réveil de la Force sont arrivés là.

Star Wars Battlefront 2: Official Gameplay Trailer
Durée : 02:01

Mais surtout, on va suivre le destin d’Iden Versio, officier impérial à la généalogie compliquée et en proie à un certain nombre de remises en question professionnelles. L’occasion pour Battlefront II d’explorer un aspect trop souvent oublié dans la saga, celui des petites mains du côté obscur, et de nous faire découvrir qu’il y a un cœur qui bat derrière les armures des Stormtroopers.

Bien sûr, cette campagne assez courte ne justifiera pas à elle seule l’achat du jeu, d’autant qu’il est évident qu’elle est d’abord là pour nous faire découvrir les armes et les compétences des différents personnages, imbriquant tant bien que mal les environnements créés pour le mode multijoueur en tentant d’en faire émerger du sens.

Mais tout de même. Près de 15 ans après l’arrêt de la série Jedi Knight, c’est avec un peu d’émotion qu’on retrouve le plaisir simple de se balader, la fleur au fusil, dans la galaxie de George Lucas. D’observer de près les différentes armures de classes impériales que l’on connaît par cœur, de voler à bord d’un coucou que l’on a fabriqué mille fois en LEGO.

Il n’y a pas grand-chose à faire dans Star Wars : Battlefront II, peu de choix, d’interactions et encore moins de surprises, mais certaines missions touchent parfois à l’épique, la tension culminant lors de phases de voltiges aériennes plus vraies que nature (ne serait-ce que parce qu’on se bat peu en X-Wing dans la nature).

EA

Et si, comme toute personne raisonnable, les geeks de Star Wars pourront légitimement trouver que l’arc narratif principal fait un peu le minimum syndical, ils se régaleront en revanche des clins d’œil et des pistes distillées par les scénaristes.

Le multijoueur

Le cœur du jeu, le mode multijoueur, ne devrait pas dépayser les habitués du premier épisode. De 16 à 40 joueurs repartent à l’assaut de planètes célèbres ou exotiques – Tatooine, le château de Maz, Naboo, etc. – dans des scénarios construits sur le même mode que les plus grandes batailles de la saga cinématographique. Tantôt dans la peau de drones, de rebelles ou de Stormtroopers, le valeureux quidam se retrouve propulsé au milieu d’une armée d’autres joueurs en cosplay Star Wars, dans une sorte de mélange entre la partie de paintball et le jeu de rôle grandeur nature.

La grande force de Battlefront II, c’est son immersion incroyable. L’ambiance épique, le respect absolu de l’atmosphère de la saga, l’impression d’être un troufion pris au milieu d’une scène finale épique d’un long-métrage… Il y a dans ce jeu de tir un plaisir qui ne relève pas seulement du côté purement compétitif, mais aussi et surtout de se croire dans cette lointaine, lointaine galaxie. Lever les yeux au ciel et se sentir écrasé par la silhouette oppressante d’un Star Destroyer ; se ruer en équipe, dans la peau d’un drone, dans les rues de Naboo ; ou s’enfoncer en AT-AT dans une forêt wookie… Les souvenirs ensevelis du cinéphile sont chatouillés à chaque instant par le jeu.

Bien sûr, Battlefront II est aussi un jeu de tir à part entière. Et avec le système de classes de cet épisode – on peut choisir entre des soldats d’assaut, des tirailleurs, des tireurs d’élite et des ingénieurs – il s’inscrit un peu plus dans l’héritage d’autres célèbres représentants du genre, comme Call of Duty, en invitant chaque joueur à se spécialiser – même si les différences entre classes sont moins marquées que dans d’autres titres. Par rapport à l’épisode précédent, le jeu encourage par ailleurs davantage à jouer en petites escouades de quatre – les points sont doublés – et offre tout un panel de modificateurs virtuels, baptisés « cartes des étoiles », pour personnaliser et améliorer son personnage, pourvu que vous les ayez débloqués.

Monnaie virtuelle

C’est là le côté obscur du jeu. Son pari, c’est son système de points, omniprésent, qui permet de convertir en monnaie virtuelle la moindre action de jeu. Pour le meilleur – débloquer des vaisseaux spatiaux, des personnages célèbres ou des améliorations bienvenues grâce aux cartes des étoiles – comme pour le pire – donner l’impression qu’une partie du contenu du jeu restera inaccessible à qui n’a pas le temps de jouer des dizaines d’heures, ou la volonté de payer pour accélérer sa progression.

Un système qui a d’ailleurs valu une incroyable impopularité au jeu avant son lancement – au point qu’Electronic Arts a annoncé suspendre temporairement la possibilité d’acheter sa progression, le temps de trouver un plus juste équilibre -, mais qui, dans les faits, n’empêche absolument pas de s’amuser et d’enchaîner les éliminations réussies dès les premières parties. Certes, un Dark Vador boosté donne une certaine idée de l’invulnérabilité. Mais un banal sniper Stormtrooper planqué dans les fourrés peut causer des dégâts considérables.

En fait, plus encore que le système de monétisation des bonus, c’est plutôt l’impression de vite tourner en rond dans les quelques décors disponibles qui nous a le plus découragés. Tout est fait pour que Star Wars : Battlefront II soit à la fois simple à prendre en main, immédiatement immersif, et suffisamment riche pour continuer de rétribuer le joueur sur la durée – quitte, parfois, à ce que lui-même rétribue un peu le jeu pour s’y retrouver. Mais si la manière dont les batailles sont organisées est assez jubilatoire – ordre de mission changeant, déploiement sur la carte évolutif, avec inversion des rôles et des camps après chaque manche – les onze planètes proposées paraissent un peu chiches pour ne pas avoir l’impression de rapidement revivre en boucle les mêmes situations. Mais faire du même avec du vieux, n’est-ce pas, à la base, le concept même de la licence Star Wars ?

L’avis de Pixels

On a aimé :

  • La restitution fabuleuse de l’ambiance des Star Wars
  • Les trois trilogies, des planètes célèbres, des héros familiers…
  • Beaucoup plus de contenu que dans le premier épisode
  • Les batailles en ligne scénarisées

On a moins aimé :

  • On fait vite le tour des onze planètes
  • Le système de monétisation permanent un peu aliénant
  • Les combats spatiaux un peu lourdauds
  • Le « grinding » nécessaire pour tout débloquer

C’est plutôt pour vous si…

  • Vous rêviez d’incarner Lando Calrissian online
  • Vous avez un projo et voulez transformer votre salon en Endor
  • Vous faites de l’escrime Jedi et rêvez de paintball avec des sabrolasers

Ce n’est plutôt pas pour vous si…

  • Vous aimez les jeux où tout le contenu est débloqué d’office
  • Vous êtes persuadé qu’Electronic Arts est la réincarnation de Satan
  • Vous pensez que Tatooine est une espèce de marsupial

La note de Pixels :

6,5/10, parce qu’il fait le lien entre les épisodes 6 et 7, et parce que c’est la note qu’il mérite