LES CHOIX DE LA MATINALE

Au menu de ce week-end : Picasso père et fille à la galerie Gagosian ; Arthur Schnitzler mis en scène par Thomas Ostermeier à Sceaux ; les marionnettes du Turak au Théâtre Mouffetard ; un cycle de concerts consacré à Claude Debussy au Louvre ; le one-woman-show de Laura Domenge au Lucernaire ; le festival Nouvelles voix en Beaujolais à Villefranche-sur-Saône.

EXPOSITION. Maya dans le regard de son père Picasso à la galerie Gagosian, à Paris

« Portrait de Maya de profil » (1943), de Pablo Picasso. / GALERIE GAGOSIAN

Pendant que le Musée Picasso célèbre superbement la mère, Marie-Thérèse, dans son exposition 1932, année érotique, la fille, Maya, est l’héroïne d’une exposition plus modeste, néanmoins remarquable. Elle réunit les portraits que Picasso fit de sa fille, de sa naissance, le 5 septembre 1935, à son adolescence : un ensemble de dessins, un salon de peintures, quelques sculptures.

Les toiles sont pour la plupart connues mais en réunir autant est une réussite. Il convient de les examiner séparément et lentement, puis ensemble pour observer comment Picasso travaille, comment il élargit le champ des solutions graphiques et chromatiques pour saisir la multiplicité des expressions de sa fille.

A l’inverse, la plupart des dessins n’ont guère été exposés ni publiés. Même remarque à propos d’une « poupée », assemblage de bouts de bois polychrome où il se vérifie qu’avec presque rien, Picasso peut faire une œuvre prodigieuse. On admirera notamment une magnifique série de portraits de 1943 d’une enfant de 8 ans qui a le regard attentif de son père. A cela s’ajoute une documentation photographique familiale abondante qui ne laisse aucun doute sur l’attachement du père pour sa fille. Philippe Dagen

« Picasso & Maya ». Galerie Gagosian, 4, rue de Ponthieu, Paris-8e. Tél. : 01-75-00-05-92. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 22 décembre.

THÉÂTRE. Un magistral « Professeur Bernhardi » par Ostermeier aux Gémeaux, à Sceaux

« Professeur Bernhardi », d’Arthur Schnitzler, mis en scène par Thomas Ostermeier au Théâtre des Gémeaux, à Sceaux. / ARNO DECLAIR

Comme chaque année, le Théâtre des Gémeaux, à Sceaux, invite Thomas Ostermeier à présenter une de ses créations. Il s’agit cette fois du Professeur Bernhardi, une très grande pièce dans laquelle Arthur Schnitzler dresse le portrait d’un médecin en butte à la réaction conservatrice et cléricale de son pays, l’Autriche du début du XXe siècle.

Thomas Ostermeier centre sa mise en scène sur le débat d’idées, dans le vase clos d’un milieu rarement représenté au théâtre – en tous cas d’une manière aussi précise –, celui de la médecine, qui condense des enjeux sanitaires, humains et politiques. La lutte contre les populismes, la ligne à tenir entre l’ambition et la carrière, les choix à faire quand on se retrouve instrumentalisé : toutes ces questions sont posées dans ce spectacle magistral, à l’image du comédien qui joue le professeur Bernhardi, Jörg Hartmann. Brigitte Salino

« Professeur Bernhardi ». Les Gémeaux, 49, avenue Georges-Clemenceau, Sceaux. Tél. : 01-46-60-05-64. Du 23 novembre au 3 décembre. Vendredi et samedi à 20 h 45 ; dimanche à 17 heures. En allemand surtitré.

MARIONNETTES. Le Turak Théâtre s’installe au Mouffetard, à Paris

« Chaussure(s) à son pied », de et avec Emili Hufnagel, du Turak Théâtre. / TURAK THÉÂTRE

Bienvenue en Turakie. Vous ne connaissez pas ce pays ? C’est normal, il ne figure dans aucun atlas, car il est né dans l’imaginaire débridé de Michel Laubu, fondateur du Turak Théâtre (en 1984 à Lyon), une compagnie qu’il codirige désormais avec Emili Hufnagel.

Après le succès de sa version très originale de l’opéra de Bizet, Une Carmen en Turakie (2015), le Turak Théâtre a pris ses quartiers d’automne, du 8 au 26 novembre, au Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette à Paris. Avec deux nouvelles créations, des solos intimistes autour des comportements amoureux.

Dans Parades nuptiales en Turakie, Michel Laubu convie les spectateurs à s’installer autour d’une grande table de banquet et leur propose un drôle de théâtre d’objets amoureux, peuplé de créatures étranges et colorées. Dans Chaussure(s) à son pied, Emili Hufnagel présente un parcours musical avec masques et marionnettes autour des versions les moins édulcorées des contes du Petit Chaperon rouge, de Cendrillon et des Souliers rouges. Elle y met en scène une héroïne plus baroudeuse que midinette, à la recherche de son prince charmant à l’heure d’Internet et du speed dating, qui croise sur son chemin des hommes à tête de loup.

Autour de ces deux spectacles, Le Mouffetard organise aussi une exposition, « Petite cuisine amoureuse et bricolée en Turakie » (jusqu’au 26 novembre) et une présentation de l’ouvrage L’En-cyclo-pédie à travers la Turakie, animée par Michel Laubu (samedi 25 novembre à 16 h 30, entrée libre sur réservation). Cristina Marino

« Parades nuptiales en Turakie », jusqu’au 26 novembre, du mercredi au samedi à 20 heures, le dimanche à 17 heures, et « Chaussure(s) à son pied », le samedi 18 à 18 heures et dimanche 19 à 15 heures. Par le Turak Théâtre. Le Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette, 73, rue Mouffetard, Paris 5e. Tél. : 01-84-79-44-44. Tarifs : 12 €, 14 € et 18 €.

CONCERTS. Claude Debussy à l’Auditorium du Louvre, à Paris

Le jeune chef d’orchestre et compositeur Clément Mao-Takacs en concert à Deauville en avril 2015. / CLAUDE DOARÉ

La deuxième saison de Laurent Muraro, nouveau directeur artistique de l’Auditorium du Louvre, tient ses promesses. Le cycle de concerts consacré à Claude Debussy fait partie d’une thématique générale, qui concilie la musique avec l’histoire du musée. Ainsi Debussy, grand amateur d’art et habitué du Louvre et de ses collections, devait-il y puiser quelque inspiration (Images, Estampes), peintre d’une musique aux coloris subtils, dont l’acuité visuelle s’ouvre sur la nature et « la belle leçon de liberté contenue dans l’épanouissement des arbres ».

Mais c’est à la danse que s’est attaché le jeune chef et compositeur Clément Mao-Takacs, orchestrateur de transcriptions inédites piochées dans les différents recueils pianistiques du compositeur. Des danses venues d’Espagne, d’Orient, d’Amérique ou du plus lointain monde des fées, mais aussi des danses anciennes revisitées, telle la Sarabande du recueil Pour le piano, intitulée à l’origine « Souvenir du Louvre ». Sans oublier le célèbre Prélude à l’après-midi d’un faune, inspiré par Mallarmé, dansé par Nijinski.

Le cycle se poursuivra les 22 et 23 novembre avec deux pianistes d’exception, le Britannique Stephen Hough et le Russe Pavel Kolesnikov, avant de s’achever le 25 novembre avec le jeune et talentueux quatuor à cordes français Van Kuijk. Marie-Aude Roux

Cycle « Danse avec Debussy ». Auditorium du Louvre, Paris-1er. Le 17 novembre à 20 heures. Avec le Secession Orchestra, Clément Mao-Takacs (direction). Tél. : 01-40-20-55-00. Tarifs : de 15 € à 35 €.

HUMOUR. Laura Domenge, adulescente fantaisiste au Lucernaire, à Paris

Laura Domenge à Boulogne-Billancourt. / STÉPHANE GRANGIER

Lorsqu’elle était enfant, Laura Domenge était bêtement persuadée qu’à 30 ans, elle aurait un homme, un enfant et le permis. Rien ne s’est passé comme prévu. Plus vraiment jeune fille, pas tout à fait femme, cette adulescente se cherche dans un XXIe siècle « où l’on passe plus de temps à analyser sa vie qu’à la vivre ».

Laura Domenge a fait du théâtre avant de se lancer, sur les conseils d’un professeur, dans le one-woman-show. Cet itinéraire a réussi à faire éclore l’énergie et la fantaisie de cette comédienne qui navigue avec aisance entre café-théâtre et stand-up.

Le plaisir de son seule-en-scène intitulé Passages (comme autant de caps à passer dans la vie) tient dans la galerie de personnages qu’elle incarne avec justesse. Critiquant le stéréotype de la femme moderne parfaite, Laura Domenge nous embarque dans ses réflexions sur les masques sociaux qu’on s’impose et porte un regard bienveillant sur le syndrome de la femme-enfant. Sandrine Blanchard

Laura Domenge dans « Passages », textes de Laura Domenge et Christian Lucas, jusqu’au 7 janvier 2018, les vendredis et samedis à 21 h 30 et les dimanches à 19 heures au Théâtre du Lucernaire, 53, rue Notre-Dame-des-Champs, Paris-6e. Tél. : 01-45-44-57-34. Tarifs : de 11 € à 26 €.

FESTIVAL. Les Nouvelles voix en Beaujolais sont arrivées, à Villefranche-sur-Saône

Parcels ~ Gamesofluck (Live @ Funkhaus Berlin)
Durée : 05:17

Chaque semaine correspondant à la nouvelle cuvée du beaujolais nouveau – arrivé cette année, le 16 novembre –, la ville de Villefranche-sur-Saône (Rhône) met à l’honneur, depuis 2005, les jeunes créateurs de la chanson. Ici, pas de chansons à boire (quoique…), mais, jusqu’au dimanche 19 novembre, une belle distribution de talents gouleyants issus de la pop (Las Aves, Parcels, copains australiens des Daft Punk), de l’électro (Trinix, Agar Agar), du rap (Gergio, Coely), du rock (Foreign Diplomats) et de la chanson (Laura Cahen, Gaël Faye), à déguster sur différentes scènes du Théâtre de Villefranche. Stéphane Davet

Nouvelles voix en Beaujolais, Théâtre de Villefranche, place des Arts, Villefranche-sur-Saône (Rhône). Tél. : 04-74-68-02-89. Tarif : 25 €.