La requête de l’Arabie saoudite concerne un missile tiré depuis le Yémen le 4 novembre, qui avait été intercepté par les Saoudiens près de Riyad. Le puissant prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, a plus tard accusé l’Iran d’« agression militaire directe » / Hassan Ammar / AP

C’est une réunion en urgence convoquée par l’Arabie saoudite. Les ministres des affaires étrangères des pays arabes se réunissent dimanche 19 novembre à la Ligue arabe, au Caire, à la demande de Riyad, qui veut discuter des « atteintes » iraniennes à la sécurité dans la région, dans un contexte explosif entre les deux grandes puissances régionales.

L’Arabie saoudite a réclamé, dans un mémorandum transmis à l’Agence France-Presse, cette réunion urgente pour discuter « des moyens de contrer les interventions iraniennes dans les pays arabes et ses atteintes à la sécurité et à la paix ». Selon une source diplomatique à la Ligue arabe, Riyad cherche à faire adopter une résolution portant une condamnation de « l’Iran et des milices arabes liées à ce pays ».

La réunion extraordinaire examinera notamment un tir de missile des rebelles houthistes du Yémen en territoire saoudien le 4 novembre et un attentat contre un oléoduc à Bahreïn le 10 novembre.

A partir de 12 heures dimanche, la question d’une résolution visant l’Iran sera discutée d’abord à huis clos en commission, puis en public devant l’assemblée plus large des ministres des affaires étrangères, mais sans le chef de la diplomatie libanaise, Gebran Bassil, qui ne fera pas le déplacement.

Selon le mémorandum, Bahreïn et les Emirats arabes unis ont soutenu la demande de réunion de l’Arabie saoudite, également approuvée par Djibouti, qui occupe la présidence tournante de l’organisation panarabe sise au Caire.

Réunion sur fond de guerre de mots

Cette réunion intervient sur fond de guerre de mots entre les deux grands rivaux au Moyen-Orient : l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite, qui s’affrontent par crises régionales interposées, en Syrie, au Yémen ou au Liban.

Le 4 novembre, l’Arabie saoudite avait annoncé avoir intercepté et détruit au nord-est de Riyad un missile balistique qui provenait du Yémen en guerre. Les rebelles houthistes ont revendiqué avoir lancé le missile pour viser l’aéroport de Riyad.

Le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, avait alors accusé Téhéran d’être derrière cette « agression militaire directe » contre son pays. L’Iran avait démenti toute implication, appelant Riyad à ne pas jouer avec le feu. L’Arabie saoudite a accusé à plusieurs reprises l’Iran de fournir des équipements militaires clandestinement aux rebelles houthistes, ce que Téhéran dément.

A la suite l’incident du missile, les deux rivaux se sont livrés à de vifs échanges doublés d’une dispute à propos du Liban, où l’Iran a des visées hégémoniques selon l’Arabie saoudite. La démission surprise du premier ministre Saad Hariri le 4 novembre et son séjour prolongé à Riyad ont plongé le Liban dans une crise.