L’agence russe de météorologie Rosguidromet a reconnu, lundi 20 novembre, qu’une concentration « extrêmement élevée » de ruthénium 106, un produit de fission issu de l’industrie nucléaire, avait été détectée fin septembre dans plusieurs régions de Russie. Moscou démentait jusque-là toute implication.

« Le radio-isotope Ru-106 a été détecté par les stations d’observation d’Arguaïach et de Novogorny » entre le 25 septembre et le 1er octobre, précise Rosguidromet dans un communiqué, confirmant les rapports de plusieurs réseaux européens de surveillance de la radioactivité.

L’agence russe précise que le ruthénium 106 a ensuite été détecté au Tatarstan puis dans le sud de la Russie, avant qu’il ne se fixe à partir du 29 septembre « dans tous les pays européens, à partir de l’Italie et vers le nord de l’Europe ».

Selon la même source, le taux le plus élevé a été enregistré dans la station d’Arguaïach, un village proche de Tcheliabinsk, dans le sud de l’Oural, où « une concentration extrêmement élevée » de ruthénium 106 « excédant de 986 fois » les concentrations enregistrées le mois précédent a été détectée.

« Sans conséquence sur la santé humaine »

Rosguidromet ne donne pas d’indication sur la source potentielle de la pollution. Mais Arguaïach est située à 30 kilomètres du complexe nucléaire Maïak, touché par un des pires accidents nucléaires de l’histoire en 1957. Maïak est aujourd’hui un site de retraitement de combustible nucléaire usé.

Fin septembre, plusieurs réseaux européens de surveillance de la radioactivité dans l’atmosphère avaient repéré la présence du ruthénium 106. L’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) français avait indiqué après une enquête que « la zone de rejet la plus plausible se situe entre la Volga et l’Oural », sans être en mesure de préciser la localisation exacte du point de rejet.

L’IRSN précisait que la source de la pollution ne pouvait provenir d’un réacteur nucléaire, car d’autres éléments radioactifs auraient été détectés, et faisait « l’hypothèse d’un rejet issu d’une installation » liée au cycle du combustible nucléaire ou de fabrication de sources radioactives.

Mais « les niveaux de concentration dans l’air en ruthénium-106 qui ont été relevés en Europe et a fortiori en France sont sans conséquence tant pour la santé humaine que pour l’environnement », a noté l’IRSN.