Sur le campus de l’université de Grenoble, en octobre 2017. / Caroline Pain /Le Monde

C’est une publication qui ne manquera pas d’être scrutée de près, à l’heure où la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a fait de la lutte contre l’échec en licence l’un des piliers de sa réforme de l’accès à l’université. Le ministère publie, mardi 21 novembre, les taux de réussite en licence de la session 2016. On y découvre que 41,6 % des nouveaux bacheliers inscrits en licence sont passés en deuxième année, contre 40,1 % en 2015. Et que 28,4 % obtiennent leur diplôme en trois ans, alors qu’ils étaient 27,5 % dans ce cas en 2015.

« Taux de réussite » : une réalité plus complexe

Ces statistiques, qui concernent les bacheliers entrés à l’université entre 2013 et 2015, sont quasiment stables depuis près de dix ans. La ministre de l’enseignement supérieur ne manque pas de dénoncer régulièrement ces quelque « 60 % d’échec ».

Derrière ce chiffre se cache une réalité complexe, comme le précise d’ailleurs la note du ministère : 28,3 % des inscrits en première année redoublent leur année, et 2,3 % changent d’orientation à l’université et 27,8 % ne sont plus comptabilisés à l’université un an plus tard. Les auteurs de la note relèvent ainsi que « le niveau des taux de réussite s’explique par le nombre élevé d’étudiants qui abandonnent leur formation en début de parcours sans obtenir le diplôme ».

Ils soulignent aussi que ces pourcentages sont calculés « sur la base des inscriptions administratives, et non d’une présence de l’étudiant ». Ce qui ne permet pas de mesurer le phénomène des étudiants « fantômes » qui, malgré leur inscription, n’ont jamais mis un pied à l’université et n’ont donc aucune chance d’y réussir ou d’y échouer.

Des différences importantes selon le bac d’origine…

La note du ministère permet, en revanche, de mesurer les écarts de réussite importants selon le bac d’origine de l’étudiant. Il constitue le facteur le plus discriminant dans la réussite. Ainsi, si 41,6 % de l’ensemble des étudiants inscrits en L1 passent en L2 à la fin de l’année, c’est le cas que de 50,8 % des bacheliers généraux, 13,6 % des bacheliers technologiques et 4,6 % des bacheliers professionnels.

Mais tout semble bien se jouer dès la première année de licence, car on découvre dans la note que ces importantes différences s’estompent une fois passer le cap de la L1. Le taux de passage en L3 des bacheliers professionnels qui sont parvenus en L2 (73 %), et le taux de réussite au diplôme de ceux qui sont parvenus en L3 ou en licence professionnelle (75 %) « ne sont pas très éloignés des taux moyens », précise la note.

De même, le taux de passage de la L2 en L3 ou en LP des bacs technologiques atteint 81 %, et leur taux de réussite en L3 (ou LP) est de 77 %.

De fortes disparités territoriales

Comme les années précédentes, d’importants écarts existent selon les universités (voir tableau ci-dessous). Concernant le taux de passage en L2, on retrouve une fois de plus le trio de tête Paris-VI (60,8 % de réussite), Angers (57,3 %) et Lyon 2 (56,3 %). Le bas de tableau est semblable aussi à celui publié l’an dernier, avec les plus faibles taux de passage pour les universités des Antilles (21 %), de La Réunion (21,5 %) et de Guyane (22 %).

Toutefois, si l’on prend la « valeur ajoutée » du taux de passage en L2, qui mesure si chaque université faire réussir ses étudiants plus ou moins bien que les établissements accueillant un public de niveau scolaire et d’origine sociale similaire, c’est l’Institut national universitaire Champollion, à Albi (Tarn) qui tire le mieux son épingle du jeu, obtenant une valeur ajoutée de 15,2. Alors qu’à l’opposé, l’université de Strasbourg fait moins bien moins bien qu’escompté, avec une valeur ajoutée de 9,4.

Concernant le taux de réussite en trois ans, c’est une fois de plus l’université d’Angers qui arrive en tête avec 64,2 % de réussite, suivi de l’université Lyon-II (60,8 %) et celle de Paris-IV (58,6 %). L’université d’Angers arrive aussi en tête en termes de valeur ajoutée de ce taux de réussite en trois ans : elle fait donc aussi mieux réussir ses étudiants en trois ans que la moyenne des établissements accueillant un public similaire.

Le ministère calcule les taux de réussite en trois ans de quatre manières différentes, selon la population étudiante prise en compte. Le Monde présente ici les chiffres de la « méthode 3 » qui prennent en compte les étudiants « restés trois années dans le même établissement ou qui ont quitté le système universitaire la troisième année ».

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