Il n’y aura pas d’écriture inclusive dans les textes officiels. Le premier ministre, Edouard Philippe, a donné consigne aux membres du gouvernement de bannir des textes officiels cette forme d’écriture qui remet en cause la règle d’accord de la langue française selon laquelle, au pluriel, « le masculin l’emporte sur le féminin ».

« Je vous invite, en particulier pour les textes destinés à être publiés au Journal officiel de la République française, à ne pas faire usage de l’écriture dite inclusive », écrit le chef du gouvernement, dans cette circulaire à paraître mercredi dans ce même JO.

« Outre le respect du formalisme propre aux actes de nature juridique, les administrations relevant de l’Etat doivent se conformer aux règles grammaticales et syntaxiques, notamment pour des raisons d’intelligibilité et de clarté de la norme », justifie-t-il.

Polémique

Portée, notamment par les cercles féministes, cette graphie se base, concrètement, sur trois principes :

  • le fait d’accorder les fonctions, métiers, grades et titres en fonction du genre : on parlera ainsi de chroniqueuse, chercheuse…
  • l’utilisation à la fois du féminin ET du masculin quand on parle d’un groupe de personnes, soit par l’utilisation de ce qu’on appelle la double-flexion – « les candidates et candidats » –, soit par le recours au « point milieu » – « les candidat·e·s » –, soit enfin par une reformulation épicène – « les personnalités candidates »
  • on tente enfin d’éviter le recours aux termes « Femme » et « Homme » avec une majuscule de prestige et on préfère des termes plus neutres, comme « droits humains » plutôt que « droits de l’homme ».

Depuis plusieurs mois, le débat sur l’écriture inclusive divise. Notamment, depuis l’édition chez Hatier d’un manuel scolaire en en écriture inclusive. Le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer mais aussi l’Académie française se sont notamment prononcés contre son usage. Les membres de l’Académie française ayant lancé, fin octobre, « un cri d’alarme » contre l’utilisation de ce type de graphie.

« Clore le débat »

La circulaire vise à apporter une « clarification après des initiatives dans certaines administrations » et à « clore la polémique », a expliqué Matignon. La note d’Edouard Philippe précise par ailleurs mes règles d’accords qui doivent s’appliquer dans les textes administratifs. Dans les textes réglementaires « le masculin est une forme neutre qu’il convient d’utiliser pour les termes susceptibles de s’appliquer aux femmes », indique-t-il.

En revanche, quand l’auteur d’un texte officiel ou la personne nommée est une femme, il convient bien d’écrire « la ministre », « la secrétaire générale » et de féminiser la fonction en se référant à un guide (« Femme, j’écris ton nom… ») élaboré par le CNRS et l’Institut nationale de la langue française.

Écriture inclusive : « La langue façonne-t-elle les mentalités ou les mentalités façonnent-elles la langue ? »
Durée : 03:58

Points de vue sur l’écriture inclusive

Sur l’écriture inclusive, lire les tribunes contradictoires :

Pour Danielle Bousquet et Françoise Vouillot, deux membres du Haut Conseil à l’égalité, la primauté accordée au masculin au XVIIIe siècle n’est pas une loi d’airain et le langage joue un rôle dans l’infériorisation des femmes.

Pour le linguiste Alain Bentolila, une langue ne peut voir sa structure changer qu’au rythme de l’évolution du peuple qui la parle.