La présidente du Front national Marine Le Pen à l’issue de sa rencontre avec le président Macron à l’Elysée, le 21 novembre. / LUDOVIC MARIN / AFP

Le Front national (FN) a dénoncé, mardi 21 novembre, l’attitude de la Société générale qui lui a demandé de clôturer ses comptes. La décision de la banque historique de la formation d’extrême droite avait été révélée un peu plus tôt par France Inter et Mediapart.

« Ils ont fermé les comptes définitivement le 10 novembre », a déclaré à l’agence de presse Reuters le trésorier du FN, Wallerand de Saint-Just. Il a précisé que le parti avait trouvé refuge auprès d’un autre établissement français, dont il n’a pas voulu donner le nom, et ajouté que celui-ci se conduisait « encore plus mal que la Société générale ».

« C’est un véritable scandale », a pour sa part estimé le directeur de la communication frontiste, David Rachline, à propos de la décision de la SocGen. Le maire de Fréjus a fustigé « les banques et certains membres de l’oligarchie » qui se serviraient, selon lui, de « leur pouvoir financier pour faire en sorte que certains partis politiques ne puissent pas faire campagne ».

Le secret bancaire invoqué

A la sortie d’une rencontre avec Emmanuel Macron à l’Elysée, la présidente du parti d’extrême droite, Marine Le Pen, a appelé le chef de l’Etat à jouer un rôle de « garant face à un certain nombre d’agissements qui [leur] apparaissent comme étant susceptibles d’atteindre gravement le fonctionnement de la démocratie française ».

« Lorsque je défends ces principes-là, je ne défends pas seulement mon mouvement je crois défendre sincèrement le fonctionnement démocratique. »

Selon France Inter et Mediapart, qui publie notamment une lettre interne au FN datée de lundi, la Société Générale a demandé au parti de clôturer l’ensemble de ses comptes, ceux du siège comme ceux de plusieurs fédérations. L’établissement s’est refusé à tous commentaires, arguant qu’il était « tenu au secret bancaire et ne [pouvait] donc s’exprimer sur un dossier privé ».

« Nous tenons néanmoins à préciser que dans le cadre de la relation que nous avons avec l’ensemble de nos clients, que ce soit pour l’ouverture ou la clôture d’un compte, nous suivons à la lettre les réglementations en vigueur et les exigences qui s’imposent à un établissement bancaire. »

« La situation est tout à fait saine »

Le FN est dans une mauvaise posture financière en raison des frais déboursés pour la présidentielle et les législatives de cette année. Durant la campagne, le parti d’extrême droite s’était déjà plaint de l’attitude des banques qui, selon ses dirigeants, ont opposé des refus répétés à ses demandes d’emprunt.

La seule présidentielle a représenté une dépense de 12,5 millions d’euros pour la formation. Cette somme doit être remboursée intégralement par l’Etat, mais pas avant l’examen et la validation des comptes de campagne.

« La situation du Front national est tout à fait saine et il n’y a aucune raison qu’un banquier prenne ce motif-là pour éjecter ainsi aussi brutalement un client aussi ancien et qui s’est toujours parfaitement conduit sur le plan des règles bancaires », a déclaré sur BFMTV Wallerand de Saint-Just.

Celui-ci a ajouté que Mme Le Pen révélerait mercredi le nom de la nouvelle banque du FN lors d’une conférence, au siège du parti à Nanterre (Hauts-de-Seine) dont le thème est « la démocratie française menacée par les oligarchies financières ».

En 2014, la formation d’extrême droite avait emprunté 9 millions d’euros auprès de la banque russe First Czech Russian Bank (FCRB), expliquant que les établissements français avaient refusé de lui prêter de l’argent. En juin, Marine Le Pen avait annoncé le lancement d’un « emprunt patriotique » à 3 % pour « demander » aux électeurs de « financer » la campagne législative du parti.