Le projet de loi sur les nouvelles règles d’entrée à l’université doit être présenté, mercredi 22 novembre, en conseil des ministres. Il vise notamment à supprimer le tirage au sort et réduire le taux d’échec en première année.

Intitulé « Orientation et réussite des étudiants », le texte avait été présenté fin octobre par le premier ministre Edouard Philippe et la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal. Ce plan étudiants a depuis été discuté devant plusieurs instances consultatives rassemblant les représentants du monde éducatif, qui ont suggéré quelques amendements.

« Notre objectif, c’est qu’à la rentrée prochaine nous soyons en capacité d’accueillir tous les bacheliers » à l’université, a dit la ministre mardi. Cet été, le nombre de bacheliers laissés sans affectation après les premières vagues de réponse sur la plateforme d’admission post-bac (APB) a atteint un niveau inédit. Des dysfonctionnements qui s’expliquent en partie par une hausse de la démographie mal anticipée (+ 40 000 bacheliers cette année inscrits sur APB).

  • Une nouvelle plateforme « Parcoursup » pour remplacer APB

APB définitivement enterré, la nouvelle plateforme, qui s’appellera « Parcoursup », ouvrira le 15 janvier. Les lycéens inscriront dix vœux maximum et recevront les réponses au fil de l’eau, à partir de mai.

Le projet de loi prend garde d’éviter les termes de « sélection », « prérequis » ou même « attendus ». Mais désormais l’inscription dans une formation en licence générale pourra « être subordonnée à l’acceptation, par le candidat, du bénéfice des dispositifs d’accompagnement pédagogiques ou du parcours de formation personnalisé proposés par l’établissement pour favoriser sa réussite ».

Sur la plateforme, le candidat pourra recevoir plusieurs réponses : « oui », « oui si » ou « en attente » pour n’importe quelle licence générale, en tension ou pas. « Oui si, ça veut dire que l’équipe pédagogique (…) considère que le bachelier a besoin d’être accompagné de manière spécifique », a précisé Frédérique Vidal. Il pourra lui être par exemple proposé un parcours avec « plus de travaux dirigés, plus de méthodologie ou davantage de temps pour mûrir son projet ».

« L’élève aura toujours le dernier mot dans le choix de sa filière mais devra faire confiance à l’université et aux enseignants sur le chemin à parcourir » pour obtenir le diplôme souhaité, a poursuivi la ministre. Elle a reconnu qu’une université pourra décider de ne pas accepter un étudiant si le nombre de demandes excède encore le nombre de places disponibles, malgré la hausse prévue des capacités d’accueil.

Pour le gouvernement, ces exigences doivent permettre de réduire le taux d’échec en première année en licence générale (près de 60 %).

  • Des syndicats d’étudiants et d’enseignants dénoncent une « sélection déguisée »

Les principaux opposants à la réforme, l’Union nationale des étudiants de France (UNEF, deuxième syndicat d’étudiants) et Snesup (premier syndicat d’enseignants dans le supérieur), dénoncent une sélection déguisée.

Le Snesup a appelé mardi à « combattre le projet fou du gouvernement », qualifié de « conservateur, anxiogène et bureaucratique » et qui remet au goût du jour « un vieux projet de la droite », « la sélection à l’entrée à l’université », selon son secrétaire général Hervé Christofol. Il explique la faible mobilisation de la jeunesse contre ce texte par « la communication de choc du gouvernement ».

L’UNEF, de son côté, réclame une hausse des moyens, pour au moins accompagner la hausse démographique. Mais pour le moment, les opposants peinent à mobiliser les jeunes et l’appel à manifester le 16 novembre aux côtés de la CGT, FO et la FSU a été peu suivi.

Le texte de la ministre est en revanche soutenu, dans ses grandes lignes, par la FAGE, la conférence des présidents d’université (CPU), ainsi que par deux syndicats d’enseignants, le SGEN-CFDT et le SE-UNSA.

  • Des créations de places « de manière ciblée » et des mesures sociales

Le gouvernement a également annoncé des créations de places à l’université, « de manière ciblée » : dans les filières très demandées et qui assurent des débouchés professionnels, et dans des filières qui n’existent pas encore mais répondraient à des demandes du marché de l’emploi. Il a aussi promis 3 000 places supplémentaires en BTS, une formation destinée aux bacs professionnels en priorité.

Ces nouvelles modalités d’accès à l’université s’accompagnent enfin de mesures visant à améliorer le logement, le pouvoir d’achat et la santé des étudiants, avec leur transfert sur le régime général de la Sécurité sociale.

Frédérique Vidal a promis 950 millions d’euros supplémentaires sur le quinquennat, dont 450 millions déjà annoncés par le premier ministre fin septembre dans le cadre du « grand plan d’investissement ».