Radamel Falcao est déçu : son club est éliminé de toutes les compétitions européennes. / BERTRAND LANGLOIS / AFP

Comme un sentiment de gâchis. Célébré pour son jeu flamboyant la saison dernière, récompensé par un titre de champion de France et une place de demi-finaliste en Ligue des champions, l’AS Monaco ne verra pas le prochain printemps européen. Humiliés en Ligue des champions à domicile (1-4) par les néophytes du RB Leipzig, mardi 21 novembre, les Monégasques n’ont même pas été capables d’accrocher la troisième place de leur groupe, qualificative pour la Ligue Europa.

Sur le « onze » aligné mardi soir, seulement cinq joueurs étaient titulaires la saison dernière. Une situation qui s’explique par les absences sur blessure de Djibril Sidibé et Thomas Lemar, mais surtout par les nombreux départs de l’intersaison. Fidèle à sa politique d’achat de jeunes joueurs qu’il valorise quelques saisons avant les revendre et d’encaisser ainsi d’énormes plus-values, le club a choisi cette année de monétiser son effectif, quitte à l’affaiblir.

Les joyaux de la Principauté ont ainsi presque tous été vendus, ce qui a permis à Monaco d’encaisser 357,5 millions d’euros (en incluant le prêt avec option d’achat de Kylian Mbappé au PSG). Quatre joueurs majeurs sont partis : Bernardo Silva et Benjamin Mendy à Manchester City, Tiémoué Bakayoko à Chelsea et Kylian Mbappé à Paris. Sans parler de joueurs importants de l’effectif, comme Valère Germain ou Nabil Dirar…

Une stratégie en question

Les recrues ne sont pour le moment pas au niveau. Mais comment en vouloir à Youri Tielemans (20 ans), Keita Baldé (22 ans) ou encore Adama Diakhaby (21 ans) ? Et que dire à ceux que l’on a conservés alors qu’ils ont vu nombre de leurs petits camarades quitter le navire ? Les performances en berne de Fabinho, convoité par de grands clubs, sont à ce titre parlantes.

Face à cet échec, Vadim Vasilyev, vice-président de l’ASM, assume. « L’objectif sera d’être plus fort dans les compétitions européennes l’année prochaine. On ne sait pas combien de temps cela prendra pour que l’équipe marche bien, mais on sait qu’elle a des qualités », assène l’homme de confiance de l’oligarque Dmitri Rybolovlev, propriétaire du club.

L’entraîneur Leonardo Jardim, à qui l’on demande beaucoup tout en changeant chaque année la moitié de son effectif, met l’accent avec doigté sur la politique de sa direction. « Monaco n’a pas été au niveau sur ce match. Pas au niveau cette année en Ligue des champions, analyse-t-il. La direction sait que ça arrive. C’est cyclique. (…) Il faut respecter l’évolution et la progression des joueurs. L’an prochain, on arrivera dans cette compétition mieux préparé qu’aujourd’hui. »

Mais ce cycle vertueux ne va pas de soi. Si Monaco a réussi beaucoup de gros coups ces dernières années, il lui sera difficile de se prémunir éternellement contre les erreurs de casting. Le miracle « permanent » du recrutement monégasque peut-il durer ? Difficile à dire, surtout qu’une certaine instabilité règne au sein de la direction sportive.

Grand artisan de la réussite en ce domaine entre 2013 et 2016, l’ancien directeur sportif Luis Campos, aujourd’hui à Lille, n’a toujours pas été durablement remplacé. Son successeur, Antonio Cordon, n’est resté qu’un an, puisqu’il a quitté le club en juillet 2017. Pour occuper le poste vacant, le nom de l’ancien directeur technique de Chelsea, le Nigérian Michael Emenalo, est régulièrement évoqué.

Le PSG pour se rassurer

Vadim Vasilyev veut croire en la perspicacité de sa stratégie et n’hésite pas à invoquer le passé pour rassurer les observateurs. « Il y a deux ans, nous étions éliminés en Ligue Europa [en phase de groupes], et l’année suivante nous étions demi-finalistes de la Ligue des champions. Il ne faut surtout pas faire le bilan ce soir », avançait le vice-président mardi soir.

Adepte de la méthode Coué, il oublie cependant de préciser que les situations, à deux années d’intervalle, n’ont pas grand-chose à voir : pour se qualifier pour la Ligue Europa, ce Monaco-là n’avait pas dominé la Ligue 1 et n’avait terminé que troisième du championnat 2014-2015, après une fin de saison très délicate.

Privé de compétitions européennes pour le reste de la saison, le club azuréen ne devra pas se démobiliser en Ligue 1. Actuel deuxième au classement, à six points du PSG, il est à la merci de Lyon et de Marseille. Vadim Vasilyev l’a bien compris, qui appelle à la mobilisation générale avant la réception du PSG, dimanche 26 novembre, en clôture de la 14e journée de Ligue 1. « Il faut se relever de cette défaite dès dimanche. On a un match très compliqué. Il faut tout faire pour conserver cette deuxième place. Je rappelle que nous sommes deuxièmes du championnat, et qu’il y a encore les coupes [nationales] à jouer. »

Le comportement des joueurs monégasques dimanche sera un bon indicateur de leur état moral. Une nouvelle et lourde défaite à domicile serait vécue comme un traumatisme qui pourrait plomber la suite de la saison de l’équipe de la Principauté.