Série sur Netflix à la demande

GODLESS Bande Annonce VF (NETFLIX // 2017)
Durée : 02:06

En découvrant le scénario de Godless, le producteur Steven Soderbergh avait invité son auteur, Scott Frank, à l’étoffer afin d’en faire une série. D’où ce long film en sept parties, que Scott Frank a non seulement écrit mais aussi réalisé.

Tourné dans les paysages du Nouveau-Mexique, Godless se présente de prime abord comme un western typique du Grand Ouest américain. L’affiche de promotion de la série, pourtant, lui apporte une touche particulière. Les personnages mis en avant y sont des femmes, fusil au poing, au-dessus d’un slogan détourné de son sens habituel : il s’agira d’un « no man’s land », un monde sans hommes… De là viennent à la fois la promesse d’originalité, mais aussi le sentiment de déception qu’engendre Godless.

Dans la toute petite ville de La Belle, au Nouveau-Mexique, un accident, dans la mine toute proche, a tué tous les hommes qui y travaillaient, c’est-à-dire la majorité des habitants. Aux femmes de prendre les affaires en main, désormais, et de décider quoi faire de cette richesse à leur porte : se transformer en gérantes et embaucher des hommes pour reprendre l’activité minière, ou accepter qu’une grande compagnie de l’Est, QuikSilver, leur achète la concession et les écarte définitivement de la gestion de leur ville. Cet aspect politico-économique de Godless sera malheureusement abandonné sans réelle résolution vers la fin de la série.

Valse-hésitation

Dans cette petite ville de femmes, se sera en tout cas imposée une leader-née, Mary Agnes, magnifiquement interprétée par Merritt Wever (New Girl,The Walking Dead), dont les scènes, à elles seules, apportent grâce et subtilité à une série qui en manque par ailleurs passablement. En fait, ce personnage de jeune femme ronde, Mary Agnes, révèle à lui seul les qualités et les défauts de l’écriture de Godless : tantôt la série balaie d’un vent frais les clichés classiques du western (devenue veuve, Mary Agnes prend une dimension qui ne lui était pas autorisée jusqu’ici, et n’entend plus se laisser enfermer dans le rôle traditionnel assigné aux femmes), tantôt elle tombe dans les mêmes travers que les westerns traditionnels, en se contentant d’en inverser les codes (Mary Agnes, qui s’habille désormais en homme et se fagote très mal, se découvre aussi homosexuelle…).

Merritt Wever et Michelle Dockery dans « Godless ». / JOHN BRITT/NETFLIX

Cette valse-hésitation entre reprise et inversion systématique des codes du western se retrouve également dans la double course-poursuite qui forme l’ossature de Godless : celle d’une bande de brigands sanguinaires recherchés par un shérif devenant aveugle, d’un côté ; de l’autre, celle que mène cette même bande de brigands contre l’un des leurs, renégat, lequel se cache dans une ferme tenue de main de maître par une femme, son fils et une Amérindienne…

Impossible de nier, pour autant, l’immense plaisir que procurent ces paysages de ciel et de poussière sous les sabots de chevaux sauvages (des scènes servies, comme toute la série, par une mise en scène et une lumière naturelle remarquables), non plus que le bavardage incessant du chef des bandits, personnage à l’opposé du traditionnel tueur taiseux et mauvais tout d’un bloc. Il en va de même des rôles faussement originaux, mais fort bien interprétés comme celui confié à Michelle Dockery, jeune veuve et cow-boy solitaire.

Godless, série créée et réalisée par Scott Frank. Avec Jack O’Connell, Jeff Daniels, Merritt Wever, Michelle Dockery, Sam Waterston (EU, 2017, 7x 60 minutes).